Marie Claire Maison

C’est au coeur d’une forêt corse que Marie-Laure et Pierre-Jean, un couple d’architecte­s bastiais, viennent se ressourcer et vivre au rythme de la nature.

- Par CLAIRE LE BOUAR Photos STEPHEN CLEMENT

On la voit à peine dans le sous-bois, cachée derrière un rocher au milieu de chêneslièg­es. Et c’est pour cela que Marie-Laure Benedetti et son compagnon Pierre-Jean Monti ont choisi cette bergerie, située à Pino, un village du cap Corse. Ici, pas un bruit en dehors du chant des oiseaux. Ce “pagliaghju”, comme l’appellent les locaux, sert de refuge au couple d’architecte­s. “Notre atelier Atel’erarchitec­ture est situé dans une rue passante et bruyante de Bastia. Nous y menons une vie sociale intense. La bergerie nous offre une parenthèse loin du tumulte. On y vit en accord avec les éléments: quand il vente, je sens le vent s’infiltrer entre les pierres de la maison. Et rien ne vaut l’odeur du maquis, le parfum du pistachier lentisque et du myrte au réveil…” explique Marie-Laure. Il y a cinq ans, lorsqu’ils l’ont déniché, cet abri de pierres en ruines n’intéressai­t personne. Les travaux pour le rénover ont duré deux ans. Marie-Laure et Pierre-Jean s’en sont chargés eux-mêmes, aidés d’Emmanuelle, architecte d’intérieur et soeur de Marie-Laure. “Nous avons remonté les murs en pierres sèches, à partir de roches qui étaient déjà sur le terrain. Nous avons aussi récupéré sur place des poutres pour la charpente.” Pas question de dénaturer la bergerie. Le rocher sur lequel elle est accrochée est saillant dans les chambres; toute la partie nuit a été surélevée pour ne pas l’entailler. Ici, pas de dalle de béton mais un plancher en bois, qui s’adapte au dénivelé naturel du sol. Il pare aussi le mur, les portes autour de la cheminée et les placards. Résultat: “On a l’impression d’être dehors tout en étant dedans!” Tout au long de la rénovation, le couple s’est efforcé de conserver aux lieux leur authentici­té. “Notre ‘cabane’ est dénuée de tout confort superflu. Sa simplicité rustique participe à notre bien-vivre.” Un plaisir que partage leur fille Lucie, 9 ans, qui aime se blottir contre ses parents au coin du feu quand les soirées fraîchisse­nt… Le plan n’a pas été revu: ce sont les pièces qui se sont conformées à la dispositio­n initiale du “pailler”. Le mobilier est sobre et authentiqu­e. Il fait la part belle aux matériaux bruts, métal ou bois. Çà et là, des peaux de mouton, de chèvre, un trophée de tête de mouflon s’invitent dans le décor. Comme un hommage aux premiers habitants de ce “pagliaghju”…

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