UN DRÔLE D’OISEAU
Ce qu’il préfère, c’est leur incroyable capacité à réfléchir la lumière. Pour sortir les plumes de leur connotation carnavalesque, cet esthète les travaille immuablement en noir. Une manière de magnifier leurs contrastes et d’accentuer leur chatoiement.
“Les plumes, c’est comme la peinture, sauf qu’en plus on travaille en 3D !” La comparaison peut surprendre mais ce que Julien Vermeulen voit dans ce matériau peu commun c’est sa capacité à produire des effets à l’infini : “panne de velours, cuir, bois, on s’y croirait !”. Ce matériau très permissif, il le découvre lors un stage chez Jean Paul Gaultier dans le cadre de son BTS en design de mode. Le coup de foudre est immédiat et le pousse à passer un CAP de plumassier en parallèle de sa licence d’arts plastiques. Passionné de mode, sa première création est une armure de samouraï tout en plume d’oie, sa préférée. Une réalisation qui lui permet d’intégrer les Ateliers de Paris et d’obtenir le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris en 2015. Tout s’enchaîne alors très vite. Il réalise pour le Palais de Tokyo une paroi de 20 mètres carrés recouverte de plus de 10 000 plumes : le “Mur de l’Illusion”. Prélude à de nombreuses oeuvres décoratives qui animent les vitrines de grands joailliers ou les suites d’hôtels, tels le Lutetia à Paris ou le St. Régis à Astana (Kazakhstan). “Même si la mode est mon univers de prédilection, je travaille de plus en plus en déco : il y a moins de contraintes puisqu’on n’est pas sur du vivant. Ce manque de mouvements permet de multiplier les détails et de repousser toujours plus loin les limites du possible.” Il s’est lancé un nouveau défi : créer une grande sculpture du dieu aztèque Quetzalcóatl, le fameux serpent à plumes, qu’il espère articuler avec l’aide de la plasticienne Agnès Bovis… V. C.