AUX MAINS D’ARGENT

Contrainte à l’exil, cette artisane tunisienne a laissé derrière elle son travail de couturière. Grâce à l’association La Fabrique Nomade, elle peut aujourd’hui valoriser son savoir-faire et partager ses créations.

Lorsque Fadhila Klich choisit, face au contexte politique tunisien, de rejoindre son mari en France le 23 mars 2018, elle abandonne ses clientes et les robes de soirée qu’elle aime tant confectionner. Tout laisser et tout reconstruire, le choc est rude mais Fadhila ne renonce pas. C’est durant ses cours de français à l’école internationale qu’on lui parle de La Fabrique Nomade. Une association créée en 2016 par Inès Mesmar pour favoriser l’insertion professionnelle des artisans réfugiés ou migrants et leur permettre de valoriser leur savoir-faire. Tous les six mois, six artisans sont accueillis (bientôt dix) au sein de l’atelier-boutique parisien pour passer une certification reconnue. “C’est ma famille désormais”, raconte Fadhila. L’association a également développé “Traits d’union”, une collection d’objets pensés et réalisés par les artisans en collaboration avec des designers. “Chacun apporte son talent et ses idées”, commente la couturière. Avec la designer Elizabeth L’Éveillée, elles ont façonné des broches qui compilent diverses techniques textiles. Une blanche, épurée, joue sur les volumes grâce à des roulés de tissu. Une autre, bleu marine (photo), reconstitue une micro-architecture avec une recherche sur le plissé. Durant un mois, la designer accorde les couleurs, Fadhila Klich propose des solutions, assemble et coud des velours, du coton ou de la soie. Un résultat coloré et joyeux vendu dans la boutique de La Fabrique Nomade. Et un soutien qui porte ses fruits, puisque Fadhila, actuellement en stage dans un atelier de couture de l’industrie du luxe, espère décrocher très bientôt un emploi et faire valoir son savoir-faire. B. P.

lafabriquenomade.com