Victor Cadene
Cet artiste coloriste se nourrit “de la profusion décorative” du passé pour imaginer scénographies, motifs et assemblages qu’il met en scène à la manière des maquettes de décors d’opéra d’antan.
“Je suis allergique à l’ordinateur.” De la part d’un jeune homme de 25 ans, cela peut surprendre. Voire déconcerter quand on sait que Victor Cadene est un artiste, ensemblier et décorateur. C’est pourtant armé de ses seuls feutres, scalpel et tube de colle qu’il constitue ses “petits théâtres d’un quotidien rêvé”. En première intention pour présenter un projet d’aménagement intérieur puis rapidement comme des oeuvres à part entière. “Mon mode d’expression est devenu ma signature artistique”, explique-t-il. Il dessine ainsi chaque élément de son mobilier, invente les tentures, imagine les sols, croque les moulures puis découpe tous les éléments. Il les assemble ensuite intuitivement dans son théâtre de papier, répondant à son goût du passé. En 2017, lorsque le site The Socialite Family présente ses collages, il est rapidement contacté par la maison Hermès pour réaliser les vitrines des boutiques Shang Xia, puis par Diptyque et quelques galeries. Cet autodidacte, obnubilé par les couleurs de la Renaissance (dernièrement, il a découvert les teintes “criantes de vérité” de Gaudenzio Ferrari), a grandi en Ardèche. Mais c’est à Milan où il a vécu deux ans qu’il se révèle, découvre la théâtralité italienne et cultive son goût du motif. Dans les dessins et les inspirations de celui qui se dit “à la recherche d’une certaine intemporalité”, se mêlent mobilier Napoléon III, luminaires italiens des années 60, buste du siècle, référence à Eileen Gray, tableaux de Matisse et céramiques de la Drôme provençale. Victor Cadene est surtout un brillant agrégateur de styles. B. P.