SORT DU BOIS
Tourneur autodidacte, ce maître d’art révèle l’histoire de l’arbre dans lequel il crée sa dentelle.
Il se souvient de la première fois où il s’est servi du tour à bois pour réaliser quatre patères à fixer sur une planche. “Je n’ai fait que des bêtises”, dit aujourd’hui celui qui est connu dans le monde entier pour avoir développé une technique qui permet de sabler le bois en transparence. L’entreprise où il travaillait en tant qu’ingénieur possédait un atelier d’ébénisterie. L’odeur de la sciure qui s’en échappe lui rappelle celle du contreplaqué que travaillait son grandpère, la chaleur de la matière l’attire et il finit par s’acheter son propre tour en 2001. Trois ans plus tard, il négocie un temps partiel et découvre la transparence du bois. En bon ingénieur, il ne cesse depuis de travailler pour améliorer sa technique et affiner ses créations qui deviennent de la dentelle de chêne. “Je ne travaille jamais le même arbre. Le plaisir est sans cesse renouvelé”, explique celui qui peut “tourner” un gros vase durant dix heures d’affilée, tant que le bois est frais. Aujourd’hui maître d’art à plein temps, il travaille avec des galeries, des boutiques, mais aussi avec le chef Alain Ducasse pour ses restaurants de Macao et Tokyo. “Ils se servent de la transparence de mes pièces pour y mettre des photophores”, raconte Pascal Oudet, lui-même subjugué par les ombres portées de ses créations. Installé dans son atelier de Goncelin, entre Grenoble et Chambéry, où il “nage de bonheur dans les copeaux”, l’artisan de 46 ans développe de nouvelles formes et ne cesse de compliquer sa technique, qu’il est toujours le seul à maîtriser. B. P.
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