SCULPTEUR2.0
Tout juste sorti de l’école Boulle, ce prodige chamboule la vision traditionnelle de la sculpture avec son support de casque de réalité virtuelle, qui interroge sur la place de cet art dans la société aujourd’hui et lui a valu le Prix Mathias 2018.
Antoine vient tout juste de finir ses études mais son parcours est déjà celui d’un artiste aguerri, jalonné de réussites mais aussi de renoncements. Titulaire d’un brevet des métiers d’art, il rêve tout d’abord d’ébénisterie. Sculpter le bois, c’est sa madeleine de Proust : ça lui rappelle son grand-père, ébéniste pour les chantiers de Saint-Nazaire, dans l’atelier duquel, enfant, il passait le plus clair de son temps. Las, son asthme rend la pratique quotidienne de ce métier difficile… Il change alors de cap et rebondit avec un CAP de sculpture, en parallèle duquel il prépare le concours des meilleurs apprentis de France en tant que sculpteur ornemaniste sur bois, et obtient la médaille d’or. Sa première reconnaissance. Trois ans plus tard, quand il élabore son projet de diplôme pour l’école Boulle, la sculpture s’impose tout naturellement. Sauf qu’il veut la faire sortir de son carcan figuratif pour la rendre fonctionnelle. Pour l’ancrer définitivement dans la modernité, il a l’idée de l’associer aux nouvelles technologies et crée un support de casque de réalité virtuelle sculpté en tilleul, “Icare”, qui traduit l’expérience proposée par le jeu vidéo “Birdly”. Pour avertir le “gamer” des sensations de chute qu’il va ressentir, il dispose un miroir à l’endroit où l’on pose le casque, qui donne une sensation de profondeur infinie. Récompensée par le 1er prix du Prix Mathias 2018, destiné à faciliter l’entrée des jeunes diplômés dans la vie active, cette sculpture a été choisie par la Biennale internationale des métiers d’art & création “Révélations” qui se tiendra au Grand Palais du 23 au 26 mai. Gageons qu’on n’a pas fini d’entendre parler d’Antoine… V. C.