UN PLI RECOMMANDÉ

De la géométrie dans l’espace, des trames savantes, un tracé complexe qui prend toute sa puissance

en volume, des tissus délicats qui deviennent

des oeuvres textiles: l’art de plisser tel que le pratique

cet orfèvre courtisé dans le monde entier

est unique en son genre. Des petits plis, des petits plis, toujours des petits plis… Pietro Seminelli n’est pas champion du monde d’origami, mais maître plisseur. Dans son atelier au coeur de la campagne normande, il sculpte paravents, tentures et cloisons, cultivant un savoirfaire qu’il est le seul à maîtriser et dans lequel il est tombé quand il était petit ! “Le pli était déjà mon sujet de mémoire lors de ma formation d’architecte d’intérieur.” Parti pour devenir décorateur et costumier de théâtre, ce fameux “pli” finit par devenir une obsession chez lui. S’il excelle à concevoir des moules à plisser pour les maisons de mode, il finit par “y laisser la peau de ses doigts” et réfléchit à appliquer sa technique à la décoration. “Après tout, j’étais architecte d’intérieur!” Oubliés les stores en toile enduite, il se lance dans des formats XXL, s’intéresse aux “paysages textiles et à la transparence”, s’attaque à tous les types de surface et multiplie les chantiers pour Peter Marino ou Frank de Biasi partout dans le monde. “J’aurais pu rester définitivement à New York, mais, finalement, c’est dans le Calvados que j’ai choisi d’installer ma société, Artesina, le prénom de ma grand-mère. Soie, coton, plexiglas, métal, il explore toutes sortes de matériau et s’inspire de ce qui l’entoure pour appliquer son art du pli aussi bien à la céramique murale, aux objets, qu’aux luminaires ou à la passementerie. De suites d’hôtel en expositions au Japon en passant par des boutiques de luxe comme le flagship Chanel à Séoul, son incroyable talent a fait de lui un symbole de l’excellence du savoir-faire à la française. “Aujourd’hui mon métier a même un nom, s’amuse-t-il. Je suis architecte du pli.” A. S.

www.seminelli.fr