LA PAILLE AUX OEUFS D’OR
Sa brillance lui a longtemps valu le surnom “d’or des pauvres”.
Mais dans les mains de cette maître d’art, la paille,
qu’elle façonne et dont elle décore murs et objets de décoration, devient un véritable trésor. On hésite à toucher tant la surface a l’air fragile. “Allez-y, nous encourage-t-elle, c’est ultrasolide, brillant grâce à la silice qu’elle contient et 100 % naturel.” Joignant le geste à la parole, elle attrape un fétu dans une botte – du seigle de Bourgogne – et nous montre comment l’ouvrir sur toute la longueur avant de l’aplatir avec un écraseur pour ensuite le déposer sur le support à l’aide d’un plioir. Aujourd’hui entourée d’une dizaine de personnes dans son atelier, elle a longtemps été seule en France à exercer l’art délicat de la marqueterie de paille. “C’était le parent pauvre de la marqueterie de bois pratiqué par les bagnards et les prisonniers de guerre! J’ai suivi la voie ouverte par mon grand-père, le décorateur André Groult…” Formée à la restauration avant de se lancer en solo, notamment pour de grands architectes d’intérieur comme Peter Marino, elle s’est battue pour sortir son métier de l’oubli. Ambassadrice de ce savoir-faire d’exception, maître d’art reconnue, elle se consacre désormais totalement à la création pour des décorateurs et des maisons de luxe, associant la paille à de nouveaux matériaux comme le laiton ou le verre et en imaginant de nouveaux motifs qu’elle applique à main levée avec une technique chirurgicale. “Aujourd’hui, la marqueterie de paille est enseignée dans les écoles. C’est tellement réjouissant de voir que ce pour quoi je me suis battue toute ma vie séduit enfin les jeunes générations.” A. S.
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