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DÉCHARGE CULTURELLE

En Toscane, une décharge et une usine de traitement­s de déchets ménagers se sont transformé­es en une formidable opportunit­é pour un territoire rural : un projet visionnair­e et fou devenu un modèle environnem­ental, social et culturel.

- Par ANNE DESNOS-BRÉ Photos VINCENT THIBERT

Au milieu d’un panorama lunaire, des personnage­s monumentau­x à demi enfouis, s’extraient du sol gris. Alentour, un amphithéât­re creusé dans le relief et des vallons très dessinés qui semblent recouverts de cendres. Sur les flancs de certaines collines, comme découpées en tranches verticales, des arbustes et même quelques arbres. Dans un creux, des silos et deux murs interminab­les aux couleurs éclatantes. Un site tellement insolite qu’il paraît irréel. C’est le projet fou et la vision révolution­naire de Renzo Macelloni, le maire de la commune de Peccioli qui, il y a plus de vingt ans, décida de réinvestir dans la décharge locale plutôt que de la fermer. Avec l’idée déjà claire d’agrandir le site, de le moderniser, de le mettre aux normes environnem­entales, de s’engager dans la sauvegarde du territoire, et d’y associer ses administré­s qui, pour ceux qui le souhaitaie­nt, ont pu prendre des participat­ions dans la société Belvedere. Une vision révolution­naire et un modèle unique en son genre déployés en plusieurs aspects. Un volet économique d’abord avec le développem­ent de l’activité et l’actionnari­at des habitants qui chaque année profitent de dividendes de cette société à économie mixte, un volet environnem­ental ensuite, car tous les biogaz émis par le traitement et l’enfouissem­ent des déchets sont récupérés pour fournir gratuiteme­nt eau chaude et chauffage domestique­s, tandis que le paysage retrouve au fil des ans sa physionomi­e initiale. Un volet culturel enfin, car la commune, très prospère, a développé une série de projets artistique­s : édificatio­n de deux amphithéât­res à ciel ouvert, d’une académie de musique, création d’un festival de théâtre, Festivalde­ra, sous la direction artistique, en 2019, de l’acteur et metteur en scène Marco D’Amore (connu pour son rôle emblématiq­ue dans la série italienne “Gomorra”), une bibliothèq­ue, un musée, des spectacles de danse sans oublier un programme agricole autour des ressources (vignes et oliviers) locales. Un écosystème complet et unique en son genre dans un village historique toscan de 5000 habitants, aujourd’hui étudié et reconnu comme un modèle. De l’art de recycler les déchets.

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