Au 7eciel

Dans son duplex parisien, Dominique est le plus heureux des hommes : il profite d’une vue imprenable sur Saint-Germain-des-Prés,

sonquartier préféré. De là-haut, entouré de murs blancs en relief, comme ouatés, il a la tête dans les nuages…

Ce matin-là, Dominique est surexcité quand il contacte la

décoratrice d’intérieur Catherine Bedel. “J’ai enfin trouvé un appart’ à Saint-Germain, dans mon quartier fétiche!” Il s’agit en fait de deux appartements, au quatrième et au dernier étages d’un immeuble de 1890, réunis à la va-vite en duplex. Sauf qu’avec son 1,85 m l’ancien tennisman professionnel s’y sent à l’étroit : les hauteurs sous plafond d’à peine 2,30 m sont bien loin des volumes de ses précédents appartements haussmanniens. L’architecte Anthony Fournier, du cabinet L’Atelier parisien, a alors l’idée de tricher sur les perspectives afin de contrer l’impression d’exiguité. Il installe des portes surdimensionnées pour brouiller les pistes, et une cheminée plutôt petite qui, par contraste, fait paraître le salon plus grand. Il récupère des flots de lumière en supprimant des cloisons et tous les faux plafonds, pour mettre les poutres à nu. Catherine prend alors le relais. “J’ai choisi d’installer une seule et même couleur dominante, le blanc, pour unifier les volumes et renforcer l’impression d’espace.” Un blanc crémeux, lumineux et chaud, “qui apporte de la gaieté même les jours de pluie”. La décoratrice l’installe sur des murs qu’elle fait texturer par un peintre décorateur pour leur apporter du relief. Du noir vient jouer les trouble-fête, par touches ou en all-over, afin d’éviter le total look. Dominique et son épouse aiment les changements radicaux : ils ne veulent rien conserver de leur ancien mobilier, à l’exception d’un cabinet signé Garouste & Bonetti et d’une table basse créée par un artiste belge en hommage à Soulages. “Tout le reste a été chiné ou conçu sur mesure.” Leur nouvelle vie de Germanopratins peut commencer…

“CE BÉTON CIRÉ CLAIR À LA PLACE DU TRADITIONNEL PARQUET EST UNE DES ORIGINALITÉS” DE L’APPARTEMENT CATHERINE BEDEL

“JE NE ME LASSE PAS DE LA VUE IMPRENABLE SUR LE MYTHIQUE ” CAFÉ DE FLORE

“LE GIGANTISME DE LA TABLE BOUSCULE LES PROPORTIONS ” DE LA CUISINE CATHERINE BEDEL

“IL NE FAUT PAS HÉSITER À PLACER DE GRANDS OBJETS ” DANS DE PETITS ESPACES ANTHONY FOURNIER

Les murs de l’entrée prennent du relief grâce au travail de patine du peintre décorateur Laurent Jouenne. Une étagère ouverte a été créée en prolongation d’une des marches de l’escalier. Y sont posés : une sculpture de Francine Devrieu trouvée à L’Isle-sur-la-Sorgue; une série de céramiques de Bénédicte Vallet ; une coupe en bois marocaine emplie de boules en terre cuite, chinée à Marrakech, Corinne Bensimon. Miroirs sorcière chinés chez Labergère-Vauban, marché Paul-Bert à St-Ouen. Suspension en albâtre, Romano Bianchi. Banc en corde, Christian Astuguevieille. Rideaux en lin, Libeco Home. Tapis Ferreira de Sá.

PAGE DE GAUCHE. Le canapé, dessiné par Catherine Bedel et réalisé sur mesure, est recouvert d’un tissu américain Perennials. Fauteuils chinés, recouverts d’un tissu Pierre Frey. Au mur, une photo rétro-éclairée signée Zanele Muholi. Dans la bibliothèque sur mesure en métal noir, une sculpture en bronze chinée aux puces de St-Ouen. Tapis créé à partir d’une moquette gansée, Saint Maclou. Rideaux Libeco Home. PAGE DE DROITE. Retravaillée par le peintre décorateur Laurent Jouenne, l’ex-caisse de transport a donné vie à un buffet sculpté. Lampes “Clous” de Jean Roger, chinées. Oiseau en corde, Anne-Claire Petit. Sculpture en céramique dorée “Hope Bird” de Jayme Hayón. Tableau de Martine Gonnin, Galerie de la Tour, à Lyon. Canapé sur mesure dessiné par Catherine Bedel, recouvert de tissu Perennials. On aperçoit dans l’entrée une sculpture longiligne africaine en bronze, chinée aux puces de St-Ouen.

Volontairement à part, la cuisine s’affiche en marbre et noir. Catherine y a installé une table XXL aux pieds laqués qu’elle a conçue et fait réaliser. Carafe turquoise avec manches en perles rapportée du Portugal. Assiettes, Pascale Mestre. Suspensions en verre de Murano, de Luciano Vistosi, chinées. Complètement vitrées, les armoires de rangement, Key, prennent des airs de dressing.

Attenante à la chambre, la salle de bains crée la surprise avec ses hautes sculptures en plâtre de Francine Narboni. Banc, Binome. Suspensions, Fokobu. Murs patinés par le peintre décorateur Laurent Jouenne. Sol en fibre, Naturtex.