BERNARDAUD LA PORCELAINE PLUS ULTRA
DEPUIS 1863, LA MANUFACTURE BERNARDAUD HISSE HAUT LA PORCELAINE DE LIMOGES, GARDANT LE FIL D’UNE TRANSMISSION DYNASTIQUE ET ARTISTIQUE TOUT EN OUVRANT LES MÉTIERS ET LA MATIÈRE VERS DES HORIZONS CONTEMPORAINS INÉDITS.
Ancienne Manufacture royale La Manufacture royale de Limoges, fondée en 1737 et vouée à la faïence, passera au Limoges, dûment estampillé, en 1771. Placée sous la protection du comte d’Artois, frère de Louis XVI, elle sera vendue après la Révolution puis, au fil du temps, acquise par différents propriétaires. Depuis 1986, elle appartient au groupe Bernardaud. Sa production, exclusivement consacrée à la réédition à l’identique de pièces et services, fait office de mission patrimoniale. Entre savoir-faire et prestige, collaborant avec les musées nationaux et internationaux, la manufacture réalise à Limoges tous ses modèles historiques dont les services de table “Louis XV”, “Élysée”, “Jardin du Roi”…
Bijoux & beauté La porcelaine pour parure(s) ou l’art du kaolin monté en épingle lancée en 1998 avec une première ligne signée Hervé Van der Straeten, la collection de bijoux Bernardaud porte beau les bagues de Marie Christine Dorner, les “Gouttes” de Taher Chemirik et la ligne “Be Old Over”, imaginée en collaboration avec Iris Apfel. Rayon beauté durable, Bernardaud a été sollicité par Guerlain pour mettre en pot de porcelaine noire la fameuse crème “Orchidée Impériale Black”.
Cinéma Difficile, voire impossible de détecter une assiette ou un service de table Bernardaud à l’écran. Pour marquer en 2013 l’anniversaire de ses 150 ans, la manufacture a diffusé “La Porcelaine et le septième art”, film de montage réalisé par le duo Fils de, et truffé de scènes comiques où la porcelaine entre dans le décor ou casse la baraque. La scène du ballet chorégraphiée par Colette Brosset avec serveurs et saucières, extraite de “Le Grand Restaurant” avec Louis de Funès pour exemple. À visionner sur www.bernardaud150.com
Designers, artistes Si l’imprimatur stylistique de Raymond Loewy, en 1967, fera “durer” plus de dix ans le service “Ariès”, l’identikit créatif de Bernardaud se forgera à l’orée du xxie siècle à l’aune de collaborations nouées avec Olivier Gagnère, Andrea Branzi, les frères Campana, Julio Le Parc, Marco Mencacci, PierreYves Rochon, India Mahdavi, Joy de L’Hermite. Y ajouter les éditions d’artistes, sous la menée de Frédéric Bernardaud, le frère cadet de Michel, directeur en charge de la création : Calder, Chagall, Miró, Sophie Calle… Le tout décliné en services de table, à thé ou à café, assiettes, lampes, théières. Dévoilée en janvier 2020, “Marnie”, la collection de luminaires de l’Américain Adam D. Tihany, produite en porcelaine biscuit et porcelaine émaillée, couronne une collaboration déjà ébauchée par le décorateur avec Bernardaud pour les lustres et appliques du restaurant de Daniel Boulud à New York et celui de Heston Blumenthal à Londres.
Expos/fondation Créée en 2003 par Michel Bernardaud, la fondation d’entreprise Bernardaud, articulée autour de l’intelligence de la main, siège à Limoges où un circuit de visite est organisé toute l’année. La Fondation programme également chaque année une exposition thématique et nomade (Paris, New York, Toronto, Taipei…). “Valeur refuge”, “White Spirit”, “Sans les mains”, “C’est le bouquet!” : chaque édition donne à voir la porcelaine contemporaine dans tous ses états. L’édition 2019/2020 avait pour commissaire Olivier Castaing, fondateur de la School Gallery et pour thema “Les Céramiques gourmandes”. La prochaine sera placée sous le signe des “Beautés équivoques” et sous le commissariat de Stéphanie Le Follic-Hadida.
Hi-tech
Il n’y a pas que les théières, les tasses et les vases qui enrichissent le patrimoine de la porcelaine. Il y a aussi les vertus techniques et hi-tech de la matière, appliquées à des champs pour le moins inattendus. Ainsi de l’usage balistique fait de la porcelaine, développé par Bernardaud avec divers centres de recherche ultra-pointus. Attention, ces projets sont classés secret-défense…
Jeff koons Rarissime dans l’histoire d’une manufacture française : c’est Koons en personne qui a sollicité Bernardaud, voilà quelques années, pour la production d’une assiette destinée à une vente de charité américaine. Rassuré par le cadre familial et dynastique de la maison, l’artiste y a initié dès 2011 d’autres collaborations, mutées en défis techniques comme les couleurs métallisées à effet miroir de ses “Balloon Animals”, prouesse chromatique qui aura réclamé deux ans et demi de mise au point. Résultat : des best-sellers mondiaux absolus.
Or et décors Basés à Limoges dans l’enceinte historique de la manufacture, les ateliers de décors et recherche d’émaux ont permis à Bernardaud, membre du Comité Colbert, de se voir décerner en 2006 le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant). Outre son blanc (produit à Oradour), la patte Bernardaud se reconnaît à son or satiné, ni mat ni brillant, et à ses décors luxuriants réclamant jusqu’à vingt couleurs par motif, comme par exemple, pour les lignes “Eden”, “Venise”, “Splendid”, etc.
Parfums “Rue des Archives”. “Porcelaine”. “Lys Sacré”. “Rose Pure”. “Amande Angélique”. Ou les parfums de maison créés par Olivia Giacobetti pour Bernardaud. Fragrances solides contenues de mèche dans les pots à bougie “Twist” en porcelaine blanche.
Kaolin C’est dans le seul but économique de s’épargner de coûteuses expéditions navales en Chine afin d’en rapporter ces porcelaines blanches quasi translucides dont raffolent les cours d’Europe, que la plupart des rois et princes occidentaux tentèrent au xviie siècle de percer le secret de fabrication de la porcelaine dure. Sa formule chimique sera déchiffrée en 1709 à Meissen, en Allemagne, par l’alchimiste Böttger pour le compte et la gloire de Frédéric-Auguste II, prince électeur de Saxe et roi de Pologne. ADN de l’or blanc ? Le kaolin, argile blanche et pure, réfractaire, et noyau dur du secret de fabrication des Chinois. Après Meissen, tous les royaumes européens se doteront de leur manufacture de porcelaine officielle, généralement établie sur des sols forestiers arrosés d’eau douce et gorgés de ce kaolin. La révolution industrielle qui touchera les arts de la table et hissera Bernardaud au pinacle n’y changera rien : sans kaolin (et sans fours à 1400°), pas de porcelaine.
Réclame Quand, en 1967, Pierre Bernardaud engagea le designer Raymond Loewy
pour créer le service de table “Ariès”, premier de son genre dans le registre contemporain, cette révolution formelle et stylistique fut soutenue par une autre révolution : celle de la pub, la première jamais conçue pour la fabrique et qui enchanta les petits écrans de l’époque avec le jingle Bernardaud “Porcelaine de Limoooogeuh, Limoges ancieeeen, Limoges contemporaiiiiin…” modulé par la soprano Danielle Licari, alors célèbre pour avoir fait partie du groupe vocal Les Fizz puis des premières Parisiennes, pour avoir chanté en duo avec Aznavour, Pierre Perret ou Jean Ferrat et surtout pour avoir doublé en chansons Catherine Deneuve dans “Les Parapluies de Cherbourg”. La même année, Licari fredonnera la première pub française Tupperware, tournée par… Agnès Varda !
Savoir-faire Une manufacture, deux sites de production, six magasins (Limoges, Bordeaux, Lille, New York et deux à Paris), et trois cent cinquante personnes employées dont nombre d’artisans et hauts talents justement distingués; à la suite du chef modeleur Christian Brunet, récompensé d’un Trophée des maîtres d’art en 2004, son élève Stéphane Bonneau s’est vu décerner le titre de Meilleur Ouvrier de France. Quant à Fernand Pénichon, responsable de la décoration et de l’imprimerie, il a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres.
Table Colonne vertébrale de tout porcelainier digne de ce nom, la table Bernardaud se dresse blanche (“Écume”, “Bulle”, “Organza”, “Naxos”) mais aussi contemporaine, d’apparat, classique, artistique, historique. Certaines références signées comme “Bacchanale” de Hervé Van der Straeten sont aujourd’hui des collectors tout comme Le “Porc/The Pig” de Sophie Calle.
“QUE C’EST À LIMOGES SE RÉALISENT TOUS LES MODÈLES HISTORIQUES”