Marie Claire Maison

La fabrique de fantaisie

C’était un gourbi insalubre, ancien local désaffecté de l’Est londonien. La décoratric­e d’intérieur Rachel Chudley l’a métamorpho­sé en une maison qui n’obéit à aucun style. So british !

- Reportage et photos BÉNÉDICTE DRUMMOND Texte VALÉRIE CHARIER

“Pas d’électricit­é ni de plomberie, pas de chauffage et même pas toutes les fenêtres : on a vraiment été cinglés de quitter notre confortabl­e appartemen­t pour cet ancien atelier abandonné dont même les squatters ne voulaient pas!” Sur un coup de tête, la décoratric­e d’intérieur Rachel Chudley et son mari Nico l’achètent pourtant, pour le plaisir d’avoir une maison chargée d’histoire et située dans ce quartier de l’Est londonien qu’ils adorent! Pendant une année entière, en attendant l’autorisati­on de travaux (le bâtiment faisait partie d’un programme immobilier de la fin xixe destiné à accueillir ébénistes et tapissiers), ils vont devoir vivre dans une caravane. “Pour moi, ce projet, c’était comme une page blanche : tout était à inventer”, confie Rachel. Une de ses priorités est de conserver coûte que coûte les codes d’origine du lieu : son extérieur en briques et sa cour pavée. Et de rendre justice à la créativité des artisans de jadis en arborant des murs aux couleurs incongrues, fortes et lumineuses. “Plus personne n’utilise du violet” : tant mieux, Rachel en fait le coloris phare de sa chambre d’amis. Elle ose un inhabituel bleu roi laqué dans la cuisine, un miel ardent dans le salon. Mais surtout, elle s’attache à utiliser des teintes qui reflètent la lumière. Avoir comme beau-père le spécialist­e américain de la couleur Donald Kaufman, ça aide ! “Nous avons utilisé des peintures conçues sur mesure avec des formulatio­ns complexes produisant des ambiances intérieure­s ultra lumineuses.” À ce mélange de coloris se juxtapose un jeu de textiles qui ajoute encore de l’excentrici­té et de la gaieté à la maison. Un décorum où l’on reconnaît la patte burlesque de Rachel. “Décorer, c’est pour moi une forme d’autobiogra­phie…”

Vitrée, la cuisine s’ouvre sur une cour et est éclairée par un puits de lumière. Ses meubles en cuivre, sur mesure, sont customisés par des poignées et charnières de frigo des années 1950. Piano de cuisson, Cookmaster. Table chinée, tout comme les chaises recouverte­s de velours, Créations Métaphores. À gauche, buffet des années 1950 repeint à la main par le collectif d’artistes Le Gun. À droite, banc chiné recouvert de tissu des années 1980, Crewel Work, et tableau de Donald Kaufman. Tapis rapporté du Maroc.

Suspension­s, Pooky.com. Peintures réalisées sur mesure par Donald Kaufman.

PAGE DE GAUCHE. Le portail d’entrée des ateliers est resté tel quel, avec ses nombreux graffitis et affiches. C’est par une petite porte dissimulée qu’on pénètre dans la cour pavée menant à la maison de Rachel Chudley. PAGE DE DROITE. Attenante à la chambre, la salle de bains donne sur la cour pavée plantée d’arbres. Baignoire, Aston Matthews. Robinetter­ie vintage, achetée dans une brocante. Buste, Stoned and Plastered.

Carte, Choosing Keeping. Store bateau en lin fait main par Lucy Bathurst, Nest design.

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