UN BALCON SUR LA MÉDITERRANÉE
C’est un jardin extraordinaire, sur les hauteurs du village d’Èze surplombant la Côte d’Azur avec une vue imprenable sur la Méditerranée. Planté de fascinantes espèces exotiques et de végétaux locaux, il invite à une promenade botanique à la fois savante et piquante.
Après avoir grimpé plusieurs volées de marches dans des ruelles étroites qui protègent ce village de l’intensité du soleil, nous arrivons à la grille du jardin exotique d’Èze. Perché à 429 mètres d’altitude sur un piton rocheux autrefois occupé par un château médiéval, le site est à couper le souffle. Au premier plan, d’insensés aloès, succulentes, agaves, yuccas, aéoniums et cactus s’élèvent, soulignés par les toits du village en contrebas. Un spectacle époustouflant, qui n’éclipse pas totalement la Méditerranée s’offrant au regard en arrière-plan. De ce balcon sur la Riviera, on voit jusqu’à Saint-Tropez. Stéphane Cassus, son chef jardinier, arrivé il y a quelques années de région parisienne, ne s’en lasse pas. “Depuis que je suis là, ce jardin municipal a connu une deuxième jeunesse. Il s’est agrandi, enrichi, mais la fascination qu’il m’inspire n’a jamais faibli.” Profitant d’une double exposition et de deux microclimats, selon que l’on soit au nord ou au sud, le jardin révèle un paradis exotique peuplé de plantes grasses et de cactus issus des régions arides du monde entier. Lorsqu’après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, des dizaines d’hommes et de mules transportent des sacs remplis de terre et de moellons pour faire sortir du sol le jardin botanique voulu par André Gianton, le maire de l’époque, et confié au paysagiste Jean Gastaud ‒ le “père” du jardin exotique de Monaco ‒, qui aurait pu imaginer que, soixante-dix ans plus tard, c’est par les airs que les plus gros spécimens seraient transportés sur le site! De l’autre côté, au nord, près du clocher ocre du village, c’est un autre visage du jardin, planté il y a moins de dix ans, qui offre une vision exhaustive de la végétation locale, le paradis des pistachiers, arbousiers, euphorbes, cistes et myrtes de Tarente. Le jardin d’ombre, plus humide avec ses grottes et ses cascades, regorge d’hellébores, d’iris, d’alocasias et de fougères arborescentes. Si les panneaux rappellent aux visiteurs que s’aventurer hors du chemin jalonné des sculptures en terre de Jean-Philippe Richard, c’est prendre le risque du “qui s’y frotte s’y pique”, ils permettent aussi de flasher un QR Code qui renvoie vers le site du jardin, avec les infos sur la plante. Une promenade botanique connectée dont on s’extirpe à regret en redescendant vers la mer.
❚❚Jardin exotique d’Èze. Rue du Château, 06360 Èze. www.jardinexotique-eze.fr