L’étoffe des héros
BRUN DE VIAN-TIRAN
À la recherche des belles matières perdues : ainsi pourrait-on résumer la démarche jusqu’auboutiste de la famille Brun. “Mon père s’est lancé il y a trente ans dans une aventure un peu folle : retrouver la laine mérinos d’origine créée à l’initiative de Louis XVI pour que les laines françaises surclassent celles des Italiens et des Espagnols”, s’amuse Jean-Louis (en photo), qui représente la 8e génération à la tête de la manufacture vauclusienne de fibres nobles. Il aura fallu sept ans à Pierre Brun pour retrouver un éleveur qui n’avait jamais croisé ses bêtes avec d’autres, leur conservant ainsi la toison très frisée d’une extrême finesse, à la fois chaude et légère, du véritable mérinos d’Arles. Restait à convaincre d’autres éleveurs de croiser leurs bêtes ayant la laine la plus fine avec ces moutons “purs” pour renouveler les troupeaux. Père et fils, même combat. En 2012, Jean-Louis part avec une ONG explorer les steppes mongoles pour visiter une communauté nomade qui élève des chameaux dont le sous-poil est aussi fin que du cachemire. À nouveau, après une sélection rigoureuse des chamelons, il faut des bêtes à même d’engendrer un cheptel pour une production plus conséquente. “Longueur, matité, lustre, frisure, diamètre, etc. : chaque paramètre du poil s’apprécie pour reconnaître sa qualité et en obtenir le meilleur. C’est une alchimie très précise, comme pour le raisin.” Jean-Louis parle d’expérience : son premier métier, c’est oenologue…