Marie Claire Maison

À Arles, la villa Benkemoun se livre aux visiteurs, tout en courbes et ouvertures

- Par ADELINE SUARD

Conçue en 1974 par l’architecte Émile Sala pour le couple Benkemoun, cette villa arlésienne insensée a été entièremen­t rénovée par leur fille Brigitte et son mari Thierry. Véritable manifeste des années 70, elle est aussi et avant tout celle qui abrite les souvenirs d’une vie de famille heureuse.

Quand elle a emménagé dans cette villa, Brigitte Benkemoun avait

envie d’être une ado de 13 ans comme les autres. “J’ai mis du temps à inviter du monde. Je n’assumais ni cette maison ni ma chambre et mon lit ronds dans une tour…” Près de cinquante ans plus tard, celle qui en a hérité après le décès de ses parents, Simone et Pierre, s’amuse que ses enfants l’aiment au-delà du raisonnabl­e. “Avec mon mari, Thierry Demaizière, nous avons entrepris de la rénover. Aujourd’hui, on y organise des exposition­s, des événements ou des shootings. Mais ce n’est pas une maison-musée, on la loue aussi pour des vacances!” Pour retrouver les couleurs et les aménagemen­ts de l’époque, la mémoire de Brigitte a été mise à contributi­on. “Mes parents ont vécu quarante-cinq ans dans cette maison, elle a évolué avec eux. Quand ma mère a retapissé son lit en suédine marron d’un tissu à fleurs mauves, assorti à une moquette et à des murs prune, elle n’en pouvait plus des 70’s. Du coup, nous avons chiné quelques pièces pour retrouver l’esprit d’origine.” Arrivé d’Algérie en 1962, le couple Benkemoun n’avait pas envie d’un mas pour loger sa famille. Amis avec l’architecte Émile Sala, connu surtout pour ses travaux de reconstruc­tion après la guerre, ils lui confient ce projet au début des années 70. “Émile a donné à mes parents un cahier dans lequel ils devaient décrire leur vie et leurs gestes quotidiens pour que cette maison leur ressemble”, raconte Brigitte. En tournant le dos au nord pour se protéger du mistral, ces 500 m2 s’articulent dans un dialogue ininterrom­pu entre l’intérieur et l’extérieur sans jamais perdre de vue le patio, où convergent toutes les pièces. Au coeur de l’aménagemen­t du décorateur Robert Heams, la sculptural­e cheminée de feuilles de métal de Max Sauze attire le regard. Et comme un clin d’oeil du passé au nouveau destin de la villa, le céramiste Guy Bareff — qui en avait conçu le parterre en terre cuite — est revenu l’été dernier exposer ses pièces. Une jolie manière pour lui comme pour Brigitte Benkemoun de boucler la boucle.

 ??  ?? Fenêtres, portes-fenêtres, dans cette maison, tous les chemins mènent au patio, à la végétation exotique et luxuriante. La tour qui abrite un bureau
et une chambre sur deux niveaux rappelle les pigeonnier­s caractéris­tiques de la Provence, comme un hommage à la terre qui l’accueille.
Fenêtres, portes-fenêtres, dans cette maison, tous les chemins mènent au patio, à la végétation exotique et luxuriante. La tour qui abrite un bureau et une chambre sur deux niveaux rappelle les pigeonnier­s caractéris­tiques de la Provence, comme un hommage à la terre qui l’accueille.
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 ??  ?? 2 1. Cuisine, chambre parentale et salon ont tous un accès direct à l’extérieur. Initialeme­nt construite sans piscine en 1974,
la villa a d’abord abrité un bain “un peu bricolé”, avant de s’équiper d’un vrai bassin à la fin des années 70. La pool house sera également confiée à Émile Sala. 2. et 3. Si les plans initiaux étaient ceux d’une demeure carrée, c’est le père de Brigitte qui suggère des courbes et des arrondis, ce qui accentue les effets d’ombres et de lumière.
4. La villa souffrait aussi de gros défauts d’étanchéité qu’il a fallu régler, notamment sur le toit-terrasse. Interrogée sur l’utilisatio­n qui était faite de ce fabuleux espace qui domine la maison, Brigitte sourit : “Rien du tout.
On n’y allait jamais, il faisait beaucoup trop chaud.”
2 1. Cuisine, chambre parentale et salon ont tous un accès direct à l’extérieur. Initialeme­nt construite sans piscine en 1974, la villa a d’abord abrité un bain “un peu bricolé”, avant de s’équiper d’un vrai bassin à la fin des années 70. La pool house sera également confiée à Émile Sala. 2. et 3. Si les plans initiaux étaient ceux d’une demeure carrée, c’est le père de Brigitte qui suggère des courbes et des arrondis, ce qui accentue les effets d’ombres et de lumière. 4. La villa souffrait aussi de gros défauts d’étanchéité qu’il a fallu régler, notamment sur le toit-terrasse. Interrogée sur l’utilisatio­n qui était faite de ce fabuleux espace qui domine la maison, Brigitte sourit : “Rien du tout. On n’y allait jamais, il faisait beaucoup trop chaud.”
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