Diptyque, 60 ans rugissants
Certains ne jurent que par “Figuier”. D’autres sont accros à “Feu de bois”. Des bougies dans la maison, du parfum au creux du cou (“Philosykos”, “Tam Dao” ou le tout récent “Orphéon”), une ligne de soins, des objets de décoration et désormais même des pyjamas signés Pierre Marie ou des draps de bain, Diptyque est passé maître dans l’art de multiplier les succès. Soixante ans d’une insolente réussite que la maison a décidé de fêter en grande pompe à travers plusieurs temps forts pour célébrer l’avenir et rendre hommage à son glorieux passé. Christiane Montadre-Gautrot était décoratrice, Desmond Knox-Leet peintre et Yves Coueslant administrateur de théâtre. Amis dans la vie, ces trois visionnaires avaient en commun une sensibilité artistique et l’envie d’ouvrir un lieu à leur image. Ce sera Diptyque, fondé en 1961 au 34, boulevard Saint-Germain, à Paris. Leurs origines, leur créativité, leur goût de la découverte et de l’originalité, nourris de voyages et de rencontres, font immédiatement de cette maison un
ovni à la personnalité bien trempée. Une histoire qui tient du cabinet de curiosités incarné dans la caverne d’Ali Baba remplie de tissus, bougies, jouets, objets ethniques ou produits de beauté qu’abrite cette première boutique, bientôt suivie par d’autres. Dès les années 60, la marque, pionnière de la bougie parfumée, explore toutes les cultures et toutes les palettes sans tomber dans le folklore, libre de ne rien s’interdire. Laurence Semichon et Myriam Badault, actuelles vice-présidentes parfum/beauté et décoration/art de vivre, racontent ce temps, où bien après que la marque fut revendue faute d’héritiers, Yves Coueslant continuait de venir s’installer à son bureau, au premier étage de la boutique boulevard Saint-Germain. “Diptyque sait ce qu’elle doit à ses fondateurs et plusieurs des événements organisés pour cet anniversaire sont des occasions de rappeler leur modernité.” Après une première phase pour célébrer le graphisme avec un relooking complet de quatre classiques par le designer Yorgo Tloupas et une gigantesque marelle installée dans les allées du Palais Royal, Diptyque a choisi de célébrer les quatre autres piliers de sa réussite. Les rencontres, avec
le lancement d’un nouveau parfum “Orphéon”, la Méditerranée, avec une ligne dessinée par Luke Edward Hall, et pour cette rentrée, le voyage, avec Le Grand Tour. “Le Grand Tour, c’est le périple initiatique, en 2 CV, en bateau, à cheval, le rêve d’autres destinations, expliquent Laurence et Myriam. Nous avons retenu cinq endroits chers au coeur des fondateurs : Paris, Milies en Grèce, Byblos au Liban, Kyoto, où ils n’ont jamais mis les pieds mais dont ils rêvaient, et Venise.” Soixante ans plus tard, chacune de ces escales d’élection s’incarne à nouveau dans une collection de créations parfumées en édition limitée. Mais le point d’orgue de cette célébration qui se conclura à Noël, c’est l’exposition “Voyages immobiles” qui se tiendra jusqu’au 24 octobre dans les nouveaux espaces de la Poste du Louvre à Paris. “Neuf artistes comme Rabih Kayrouz, Hiroshi Sugimoto ou Johan Creten ont été invités à livrer leur version de Byblos, Kyoto ou Venise en édition d’artistes parfumées.” Un Grand Tour pour boucler la boucle, mais surtout comme un manège à sensations sur lequel Diptyque a choisi d’embarquer, pour s’approcher au plus près de ses sources d’inspiration, de la nature, des souvenirs de vacances, des odeurs, des couleurs et de la créativité. L’exposition qui débute le 10 septembre à la Poste du Louvre à Paris présente notamment le travail de Zoë Paul (1) et de Johan Creten (2). Avec les sept autres artistes exposés, ils ont également imaginé des oeuvres parfumées, comme cette bougie translucide dans laquelle a été plongée une sirène en bronze qui apparaît à mesure que la bougie se consume (2), rappelant la menace vénitienne de “l’acqua alta”. Et ce tissage de Zoë Paul en perles de céramique (4) qui fait écho aux pièces plus monumentales de l’artiste installée à Athènes. 3. “Orphéon”, le dernier parfum de Diptyque. 5. 6. et 7. Pyjama, lanterne ou drap de bain, l’art de vivre, le textile et la décoration font désormais partie de l’univers de la marque.