GALERIE ANNE-SOPHIE DUVAL LES FINES FLEURS DE L’ART DÉCO
C’EST UNE HISTOIRE DE TRANSMISSION ET DE PASSION RACONTÉE COMME UN ALBUM DE FAMILLE : JULIE BLUM CÉLÈBRE LES 50 ANS DE LA GALERIE FONDÉE PAR SA MÈRE, ANTIQUAIRE PIONNIÈRE QUI, À CONTRE-COURANT, FIT REDÉCOUVRIR LA CRÉATIVITÉ INOUÏE ET L’INTEMPORELLE MODER
Lorsqu’elle installe sa boutique d’antiquités rue Bonaparte,
au début des années 60, Yvette Barran partage avec sa voisine Madeleine Castaing un tempérament de feu… et le sens de la scénographie. Venue à Paris jouer au théâtre, l’intrépide Yvette, divorcée du metteur en scène Jacques-Henri Duval, a laissé tomber les planches mais garde le goût de la fête et des clubs de jazz à Saint-Germain. “Très intuitive, ma grand-mère, qui adore faire scandale, comprend vite que le style Art nouveau des grands maîtres et artistes artisans, relégué aux oubliettes depuis la Première Guerre mondiale, ne demande qu’à renaître”, raconte Julie Blum, architecte ayant repris le flambeau de la galerie en 2008.
Duo de défricheuses
Enfant, juchée sur un tabouret du “bar-bibliothèque”, Julie prend son goûter “en observant les négociations et les discussions au coeur du joyeux défilé des chineurs et copains antiquaires”. Sa mère, Anne-Sophie, qui a séché les cours pour écumer les Puces, Drouot, et seconder Yvette, astique les vases laqués du dinandier Jean Dunand, et plonge dans les archives… Elle se passionne pour les précurseurs et les “mousquetaires” oubliés du courant moderniste de l’Art déco : le décorateur Armand-Albert Rateau, l’architecte et ensemblier Pierre Chareau et le designer Jean-Michel Frank.
Moderniste avant l’heure 1972 : Anne-Sophie Duval, qui a repris la galerie, est bien décidée à réhabiliter ces grands noms et à ne montrer que “ce qui l’amuse” – ici un fauteuil pompéien en bronze de Rateau, là des vases “obus” de Dunand ou un bureau en demilune en bois de macassar de Jacques-Émile Ruhlmann, conçu pour un maharadjah. Elle comprend avec une longueur d’avance que la vente-événement du collectionneur et mécène Jacques Doucet va marquer un tournant et susciter un regain d’intérêt pour l’Art déco. Pour sa première Biennale des antiquaires, en 1972, la jeune femme de 27 ans, de sa longue silhouette à