L’HISTOIRE EN MARCHE
Il est du genre idéaliste et têtu. Dès l’école d’architecture, ses idéaux manquent de lui coûter son diplôme. “On travaillait sur des logements sociaux. J’ai proposé des volumes hauts sous plafond, un esprit haussmannien, des rideaux, etc. J’ai eu l’impression de commettre un crime!” Son idéalisme lui vaut un 10/20 et la conviction que ses envies ne sont pas en phase avec l’air du temps. Plus Henri Samuel que Le Corbusier, il s’appuie sur ses expériences, chez Pierre Frey, India Mahdavi ou Rodolphe Parente, pour oser le plongeon en solo. Après la rénovation de la salle de bal des salons France-Amériques, il s’attaque à l’hôtel Hilton Le Belgrand, puis au manoir de Rambouillet, une bâtisse du XVIIIe siècle où il recompose 250 ans d’histoire. De chantier en rencontres, le trentenaire s’est fait une spécialité de “décorateur en patrimoine”. Avec le sentiment d’être enfin à sa place, il multiplie les rénovations de châteaux. Son credo? “Ne rien inventer. Quand on invente, on est daté.” Pour ce fou d’histoire, une peinture d’époque dévoilée en grattant une cloison ou une toile de jute dorée au pochoir ont autant de valeur qu’une toiture. Parallèlement à ces chantiers de réhabilitation et d’appartements plus classiques, il construit aussi son “oeuvre globale”, un hôtel particulier jurassien. “L’aménagement date de 1831 et j’ai réussi à recomposer 90 % des décors avec des matériaux et des tissus d’origine.” Et qu’importe si l’étoffe des fauteuils n’est pas lessivable ou s’il n’ouvre pas les volets afin de ne pas abîmer les couleurs. “C’est invivable pour tout le monde, reconnaît-il. Sauf pour moi.”
Je préfère le travail de Charles Siclis ou Henri Samuel à celui de Le Corbusier