PRINTEMPS-ÉTÉ 2020 IL N’Y A PLUS DE SAISONS

Durant la semaine de la mode à Paris, comme un pied de nez climatique, des pluies diluviennes se sont abattues sur les défilés qui se tenaient en plein air. Marine Serre, Saint Laurent, Lanvin, Burberry… Tous ont dû composer avec un ciel qui semblait vouloir jouer avec leurs nerfs. En parfaite résonance avec ces intempéries à répétition, le printemps-été 2020 est très habillé, très réchauffé, la saisonnalité est bouleversée. Les manteaux et les pulls épais sont de sortie (Michael Kors Collection, Victoria Beckham, Fendi, Miu Miu…), les trench-coats aussi (N°21, Burberry, Balenciaga…). Sur les têtes, autant de chapeaux de paille que de chapeaux de pluie (Prada, Lanvin). Beaucoup de femmes ont enfilé des chaussettes dans leurs sandales ouvertes ou des bottes de cuir plus radicales (Celine, Saint Laurent, Fendi, Lacoste). Même le short a gagné plusieurs centimètres pour muter en bermuda à la garçonne (Chanel, Chloé, Paul Smith, Max Mara). Il n’y a plus de saisons et la Terre va mal. Tandis qu’aux quatre coins du monde les jeunes sont descendus dans les rues pour exprimer leur inquiétude quant au devenir de notre planète, au même moment à New York, Londres, Milan et Paris, les créateurs aussi ont opéré un retour aux éléments naturels. En tête de file, Stella McCartney, pionnière de la mode écoresponsable, a composé le défilé le plus vert de sa carrière. Dior et Marni ont chacun pensé un décor avec des arbres destinés à être replantés et des bancs en cartons recyclés. Partout, des matières organiques (raphia, lanières de corde, paille, coton écologique…), des broderies ou des pièces au crochet pour signifier un retour à l’artisanat et aux vêtements faits pour durer. Venue de la rue, la vague de conscience semble enfin avoir été entendue, la mode applique de manière de plus en plus évidente le principe de précaution.

Anne-Sophie Thomas, rédactrice en chef mode de Marie Claire