Marie Claire

C. A.R. roule au synthétiqu­e

La Canadienne Chloé Raunet, alias C.A.R., trace sa route pavée d’électro rock, entre fragilité lumineuse et brutalité. Un mélange détonnant qu’on approuve, une voix qui nous envoûte.

- « My friend », Kill The DJ.

Fille fantasmée de l’icône rock Siouxsie Sioux (de Siouxsie and the Banshees), élevée au son froid de la new wave des années 80, Chloé Raunet, 32 ans, détonne dans le monde de l’électro punk rock. Coupe courte à la Jeanne d’Arc, celle qui se définit comme « une garçonne classe » allie déterminat­ion et fragilité, énergie brute et timidité. Sa voix charismati­que irradie, sur fond de guitares « garage » et d’expériment­ations électroniq­ues en clair-obscur. Ça transpire l’urgence et la fièvre des écorchées. Avec son drôle de nom de scène, C.A.R. – pour « Choosing acronym randomly » (« Choisir un acronyme au hasard ») –, elle met la planète hype en ébullition dès son premier album. Un de ses titres a été emprunté pour un défilé Hermès. Sa reprise synthétiqu­e de Christophe, « La petite fille du troisième », a fait sensation lors du dernier Festival internatio­nal de mode et de photograph­ie, à Hyères. Sous le charme, Gesaffelst­ein a demandé à la jeune femme de poser son timbre sur plusieurs de ses morceaux. Face à cette ascension fulgurante, Chloé Raunet reste de marbre. Elle préfère parler de la vue de son studio londonien, qui lui permet de trouver l’ins- piration, de l’écrivain américain hippie Jim Dodge ou de la première partie du concert de Cat Power, en juillet 2013, « un de ses pires souvenirs ». « J’étais terrifiée. Je n’arrivais pas à avoir la maîtrise des machines », se souvient-elle en rigolant. Chloé Raunet raconte aussi son indépendan­ce farouche. L’école n’a jamais été son truc. A 16 ans, elle quitte le domicile parental et les forêts du Canada pour Londres. « La destinatio­n la plus évidente pour une fille timide comme moi. » Alternant les petits boulots de serveuse, la jeune fille découvre un monde de créativité et d’excès. Pour l’anniversai­re d’un de ses amis de la nuit, Chloé Raunet compose pour la première fois et y prend goût. Elle forme, avec le Français Joel Dever, le duo post punk « Battant ». Mais le rêve tourne vite au cauchemar. Son alter ego musical est retrouvé mort dans un canal londonien. Quelques jours plus tard, elle remplace le brun corbeau de ses cheveux par un blond platine et se lance seule dans l’arène. Avec le succès qu’on lui connaît déjà.

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