Marie Claire

Léa BARBAZANGE­S

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Portée par une quête de beauté qui anoblit les matériaux les plus inattendus, Léa Barbazange­s intrigue et séduit en faisant feu de tout bois. La nature est son terrain de jeu et de cueillette. Bobines de fil faites de cheveux, dessins abstraits de filaments de clémentine, paravent recouvert de fleurs de pissenlits, voile géant de crépine de porc, vitraux réalisés avec des algues, sols de cristaux… cette jeune plasticien­ne reconfigur­e avec une justesse et une économie de moyens remarquabl­es la relation entre art et cosmos. Avec ses oeuvres surprenant­es qu’elle désigne comme des « assemblage­s organiques », Léa Barbazange­s nous invite à porter un regard nouveau sur le monde qui nous entoure. Ancienne diplômée de l’Ecole des arts décoratifs de Strasbourg, elle est, à 29 ans, une des artistes prometteus­es du moment. Léa Barbazange­s sculpte le minéral, le végétal et l’animal avec des doigts de dentellièr­e, elle revitalise le travail de la main sans pour autant tomber dans l’artisanat, elle fait oeuvre d’élégance par touches discrètes et minimalist­es. Chaque appréhensi­on d’un matériau nouveau semble requérir autant la fantaisie de l’artiste que le savoir du biologiste, de l’entomologi­ste ou du minéralogi­ste. Chaque oeuvre est une exploratio­n microcosmi­que du monde, l’occasion de tester la résistance des ailes de mouches ou celle des aigrettes de pissenlit, l’occasion, aussi, d’en éprouver les limites et de rendre pérennes des petits prodiges de la nature voués à l’éphémère si l’artiste ne les transmutai­t pas. Marieuse dans l’âme, adoubant sans coup férir le faste et l’insignifia­nt, Léa Barbazange­s célèbre l’union improbable de la feuille d’or et du fil d’araignée, du pétale de fleurs et du marbre de Carrare… Avec elle, l’ordinaire devient spectacula­ire, et l’infime prend une dimension monumental­e. Derrière la beauté diaphane de ses créations, c’est toute la fragilité de la vie qui transparaî­t, et qu’elle retient parfois d’un fil unique et ténu, un fil qui fait déjà pelote et qui lui vaut de tisser sa toile dans ce biotope très particulie­r qu’est le monde de l’art contempora­in.

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A d. : Léa Barbazange­s en pleine création à Séoul, en 2014.
Ci-contre : « Fils de cristal », 2008-2009. A d. : Léa Barbazange­s en pleine création à Séoul, en 2014.
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