Léa BARBAZANGES
Portée par une quête de beauté qui anoblit les matériaux les plus inattendus, Léa Barbazanges intrigue et séduit en faisant feu de tout bois. La nature est son terrain de jeu et de cueillette. Bobines de fil faites de cheveux, dessins abstraits de filaments de clémentine, paravent recouvert de fleurs de pissenlits, voile géant de crépine de porc, vitraux réalisés avec des algues, sols de cristaux… cette jeune plasticienne reconfigure avec une justesse et une économie de moyens remarquables la relation entre art et cosmos. Avec ses oeuvres surprenantes qu’elle désigne comme des « assemblages organiques », Léa Barbazanges nous invite à porter un regard nouveau sur le monde qui nous entoure. Ancienne diplômée de l’Ecole des arts décoratifs de Strasbourg, elle est, à 29 ans, une des artistes prometteuses du moment. Léa Barbazanges sculpte le minéral, le végétal et l’animal avec des doigts de dentellière, elle revitalise le travail de la main sans pour autant tomber dans l’artisanat, elle fait oeuvre d’élégance par touches discrètes et minimalistes. Chaque appréhension d’un matériau nouveau semble requérir autant la fantaisie de l’artiste que le savoir du biologiste, de l’entomologiste ou du minéralogiste. Chaque oeuvre est une exploration microcosmique du monde, l’occasion de tester la résistance des ailes de mouches ou celle des aigrettes de pissenlit, l’occasion, aussi, d’en éprouver les limites et de rendre pérennes des petits prodiges de la nature voués à l’éphémère si l’artiste ne les transmutait pas. Marieuse dans l’âme, adoubant sans coup férir le faste et l’insignifiant, Léa Barbazanges célèbre l’union improbable de la feuille d’or et du fil d’araignée, du pétale de fleurs et du marbre de Carrare… Avec elle, l’ordinaire devient spectaculaire, et l’infime prend une dimension monumentale. Derrière la beauté diaphane de ses créations, c’est toute la fragilité de la vie qui transparaît, et qu’elle retient parfois d’un fil unique et ténu, un fil qui fait déjà pelote et qui lui vaut de tisser sa toile dans ce biotope très particulier qu’est le monde de l’art contemporain.