KALPONA AKTER
Elle a 38 ans et n’en avait que 12 lorsqu’elle a commencé à travailler dans l’industrie textile. Aujourd’hui, elle est à la tête de l’ONG Bangladesh Center for Workers Solidarity. Kalpona Akter rentre des Etats-Unis, où elle a reçu de nombreux appuis de la part du Congrès. Marie Claire : Les conditions de travail se sont-elles améliorées ? Kalpona Akter : Grâce à la pression internationale, les syndicats ont pu négocier l’augmentation du revenu minimum, qui est passé de 38 €, le plus bas de la région, à 68 € pour vingt-six jours de travail. Nous luttons pour que soit pris en compte le revenu vital, nécessaire pour vivre décemment : 100 €/mois. Aujourd’hui, cent soixante-dix usines ont leur propre syndicat, mais seulement deux ou trois d’entre eux fonctionnent. A leur tête, il y a des femmes que nous avons formées en cours du soir. Elles sont très courageuses. Mais malgré les discours, c’est très difficile. En se syndiquant aujourd’hui, on risque la prison, le harcèlement et des amendes au Bangladesh. Devons-nous acheter des vêtements fabriqués au Bangladesh ? Oui, c’est très important ! Aujourd’hui, 85 % des travailleurs du textile sont des femmes âgées de 20 à 25 ans qui, grâce à leurs revenus, ont leur mot à dire au sein de leur famille et de la société. Elles peuvent décider de leur vie, se marier ou non, et scolariser leurs enfants. Mais il faut continuer à faire pression sur les gouvernements et les entreprises pour que nous ayons des existences décentes.