Marie Claire

Karine Tuil

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Ecrivaine Je viens d’une famille où la gourmandis­e est associée à la transmissi­on, à l’union, au partage. Ma grand-mère pouvait passer des heures à fabriquer de petites pâtes fraîches dont elle faisait rouler chaque bille dans la paume de sa main, ou de fins gâteaux qu’elle appelait « les doigts ». Etre gourmand c’était être porteur d’une histoire, d’une tradition, recevoir ce qui nous a été donné avec un amour qui ne disait pas son nom. Cuisiner c’était honorer l’autre, prouver son affection ; les mots tendres étaient contenus. On goûtait, on s’enthousias­mait pour un mets, souvent avec exaltation. La gourmandis­e n’était qu’une façon de répondre à l’amour de l’autre.

L’insoucianc­e, éd. Gallimard.

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