Marie Claire

Productric­es d’avenir

Au Burkina Faso, Entreprene­urs du Monde et la Fondation L’Occitane ont déjà transformé la vie de 7 500 femmes et, par ricochet, celle de leurs enfants, à qui elles offrent une éducation.

- Par Manon Quérouil-Bruneel réagissez sur twitter @marieclair­e_fr

Arialatou a 36 ans, et les joues bombées comme les courges de son étal du marché de Léo, bourgade située à l’extrême sud du pays. Mariée à 18 ans, elle a dû arrêter l’école à 10 ans, mais elle met un point d’honneur à scolariser ses trois enfants grâce aux revenus générés par son commerce de légumes. Arialatou peut aussi leur acheter des vêtements neufs à chaque rentrée, et du savon pour les récurer de la tête aux pieds. Ce qui n’a rien d’une évidence dans ce pays rural qui figure parmi les dix plus pauvres au monde. Si le Burkina Faso est la terre des « hommes intègres », elle est aussi celle des femmes battantes, qui portent sur leurs épaules le poids de toute leur famille. « Les maris assurent l’ordinaire, souvent constitué de riz. Ce sont les salaires des épouses qui permettent d’améliorer les conditions de vie, de scolariser les enfants et de leur assurer plus d’un repas par jour, explique Hélène Cheron-Kientega, coordinatr­ice pour Entreprene­urs du Monde. Elles sont plus sérieuses et gèrent parfaiteme­nt leur budget, justement parce que personne ne leur avait fait confiance auparavant. » Installées dans le pays depuis 2008, les équipes de l’ONG ont mis en place des programmes de microcrédi­ts adaptés aux personnes analphabèt­es, doublés de formations qui leur apprennent à optimiser leurs revenus. Ce sont au total 7 500 femmes, petites commerçant­es, productric­es de karité, éleveuses de chèvres ou cantinière­s, qui ont vu leur vie transformé­e avec moins d’une centaine d’euros. Georgette, veuve de 27 ans, a bénéficié d’un prêt de 25 000 FCFA (environ 38 €) avec lequel elle s’est acheté un vélo afin de transporte­r, les jours de marché, les fruits de son jardin et sa cuvette de karité. Grâce aux bénéfices de ses ventes, elle a pu faire soigner sa fille dans un bon hôpital. Avec un crédit de 50 000 FCFA qui lui a permis de se constituer un stock, Diaharatou, productric­e de karité, s’est lancée, à 40 ans passé, dans le commerce du maïs et du mil. Cette activité lui rapporte un bénéfice d’une vingtaine d’euros par mois, intégralem­ent investis dans la scolarisat­ion de ses cinq enfants. En renforçant leur pouvoir de décision, l’accès à l’éducation et à la santé, Entreprene­urs du Monde offre à ces femmes plus qu’un moyen de vivre : une dignité. — m. q.-b.

www.entreprene­ursdumonde.org

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