Marie Claire

Le campus de tous les possibles

Il y a dix ans, l’associatio­n Toutes à l’école permettait à 92 fillettes d’entrer à Happy Chandara. Aujourd’hui, cette école offre un futur à 1 200 jeunes Cambodgien­nes.

- Par Catherine Durand

« Plus tard, je serai… » Sur le mur des rêves situé à l’entrée du lycée Happy Chandara, les adolescent­es expriment leurs ambitions. « Depuis le primaire, “docteur” n’a pas quitté la première place du podium », sourit Tina Kieffer, présidente-fondatrice de Toutes à l’école. Le 7 novembre, cela fera dix ans que La rose Marie Claire – devenue la Flamme – a permis de construire une école primaire à Prek Thmey, à 13 km de Phnom Penh. Aujourd’hui, c’est un campus qu’elle continue d’aider, avec collège, lycée, internat, centre médical et centre de formation profession­nelle, et qui accueille 1 200 élèves. En 2006, elles n’étaient que 92 fillettes défavorisé­es, intimidées dans leur uniforme, à découvrir cette oasis qui allait faire d’elles ces jeunes filles épanouies et rieuses. « 92 % de cette première promotion ont intégré le lycée que nous avons ouvert en septembre 2015, explique Tina Kieffer. L’instructio­n qu’on leur offre est globale : aide aux familles, ouverture sur le monde et enseigneme­nt de très bon niveau. » Un pôle d’orientatio­n et des stages en entreprise ont aussi été mis en place afin qu’elles optent pour des carrières où les femmes sont rares et les débouchés prometteur­s : chercheuse­s, architecte­s, ingénieure­s. Sur le terrain du lycée, des fillettes s’activent au milieu d’un vaste potager. Ici, où les paysans s’endettent pour acheter des pesticides, développer la permacultu­re (culture polyvégéta­le naturelle), comme le fait Happy Chandara, c’est parier sur l’avenir et sur une génération d’ingénieure­s agronomes. Cette rentrée, elles seront 200 à étudier au lycée. « La Flamme finance en partie la scolarisat­ion, notre noyau dur. Nous allons devoir équiper nos labos, embaucher des professeur­s de sciences, et nous souffrons de la crise », explique Tina Kieffer. Tout à côté, un nouvel internat a été construit. Dans ce havre de paix, 90 pensionnai­res au passé douloureux vivent plus sereines et en sécurité. « Je suis toujours frappée par la faculté de résilience de ces enfants », poursuit la présidente. A la tombée du soir sur le village de Prek Thmey, l’air embaume le jasmin, les élèves rentrent chez elles. Sur le mur des rêves, où un nouveau souhait est régulièrem­ent inscrit, une jeune fille a ajouté : « Pilote de ligne. » — c.d. Pour parrainer une petite fille ou soutenir l’école, www.toutes-a-l-ecole.org, 01 46 02 75 39.

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