Les romans joailliers d’Aurélie Bidermann pour Poiray
Inspirées de classiques de la littérature, les collections de la directrice artistique du grand joaillier proposent une vision du luxe joyeuse et décontractée.
Aurélie Bidermann fait figure d’exception dans le cercle anonyme des directeurs artistiques de maisons de joaillerie. Rendue célèbre par ses gourmettes en or tressées de coton pour sa propre marque, elle officie depuis fin 2016 chez Poiray. L’Attrape-Coeur, sa première collection pour le joaillier de la place Vendôme, revisite le coeur entrelacé. Façon bretzel, ses liserés d’or arrondis enlacent la pureté du diamant, les nuances de l’opale, de la turquoise ou du lapislazuli. « Poiray a son propre ADN. Je le respecte tout en apportant de la fraîcheur et de la joie. Ce coeur qui existe depuis longtemps, je souhaitais le rendre encore plus désirable », explique la créatrice.
Férue d’histoire de l’art, Aurélie Bidermann embrasse d’abord une carrière de commissaire-priseur chez Sotheby’s. Mais si les oeuvres défilent, le côté créatif manque. « J’adorais ce que je faisais mais il y avait cette frustration de ne pas créer de mes propres mains. J’ai donc suivi une formation en gemmologie à Anvers, puis j’ai appris la technique à la BJO, rue du Louvre, avant de lancer ma marque en 2004 », raconte-t-elle. A la manière des papiers découpés de Matisse ou des peintures de Peter Doig, ses créations pour Poiray allient lignes pures et couleurs éclatantes. Comme le tableau en peinture, le bijou est pour elle une fenêtre ouverte sur l’histoire. « Chaque bijou qu’on s’approprie a sa propre histoire à laquelle s’ajoutent celles qu’on écrit quand on le porte », dit-elle. Pour sa deuxième collection chez Poiray, Lolita de Nabokov succède au roman de Salinger. « Ce sont des histoires qu’on lit au sortir de l’enfance. » Passée dans le 16e arrondissement, la sienne regorge de souvenirs précieux. « Ma grand-mère avait des bijoux de haute joaillerie somptueux. J’adorais jouer avec son poudrier Van Cleef & Arpels en or rose gravé d’un étang et de canards incrustés d’émaux. Le bijou est un objet sentimental très personnel, j’y porte un très grand attachement. Plus tard, ceux de ma grand-mère ou de ma mère seront transmis à ma fille car ils symbolisent beaucoup. » Dans la collection Lolita, en solitaire ou accumulés façon charm’s, pendentifs, bagues et puces d’oreilles en pierre de lune, citrine, grenat, topaze ou quartz fumé s’adressent à toutes les générations de femmes. Leurs formes géométriques élémentaires visent l’indémodable. « Je voulais faire des choses joyeuses à porter en T- shirt comme en robe du soir », dit-elle. Une vision du luxe gaie et décomplexée qui s’exprimera au printemps sur la bague Ma Préférence, la montre Ma Première, et en haute joaillerie. Car si le bijou doit contenter les sens, Aurélie Bidermann continue de lui insuffler, chez le joaillier qui l’a consacrée, la légèreté à l’origine de son succès.