Marie Claire

Gianni Versace, de bling et de sang

Après l’affaire O.J. Simpson, la série “American crime story” s’intéresse à l’assassinat du créateur italien, empereur du luxe bling, sur fond d’Amérique homophobe. Non, les années 90 n’étaient pas si décomplexé­es.

- Par Clélia Cohen

15 juillet 1997 : le monde découvre avec effroi une flaque de sang séché sur les marches d’une villa de Miami. Le couturier Gianni Versace vient d’être assassiné, sonnant par la suite le glas de ces nineties bling sur lesquelles il régna en maître. La série s’attache à retracer ces événements, au moyen d’un casting flamboyant : Edgar Ramirez (vu dans la série Carlos) en Versace, Penélope Cruz peroxydée dans le rôle de sa soeur Donatella, et la pop star Ricky Martin pour inter- préter le compagnon de Gianni Versace. Caliente ! Mais le scandale guette : Donatella a déclaré qu’elle n’approuvait pas la série, et que le livre d’enquête dont elle est adaptée (Vulgar favors de Maureen Orth) contient des faits mensongers, affirmant notamment que Versace était séropositi­f. En réalité, c’est le tueur Andrew Cunanan qui sera au centre du récit : joli garçon narcissiqu­e, infatigabl­e mythomane, escroc, ambivalent avec son homosexual­ité, il avait cette année-là semé la terreur dans la communauté gay (quatre meurtres avant celui-ci). Reste à comprendre comment son destin, relaté à rebours de l’assassinat, va se nouer lentement autour des Versace et de leur univers de gloire et de beauté dans lequel on chemine dès l’ouverture de la série, arpentant sur de la musique baroque sa demeure aux fontaines multiples et aux mosaïques en forme de tête de méduse. Grandiloqu­ent ? Oui, mais on n’aurait jamais imaginé les choses autrement. American crime story n’est pas une série classique mais une anthologie : le but du producteur, Ryan Murphy ( Glee, American horror story), est d’ausculter chaque saison un fait divers différent qui possède aussi une portée sociologiq­ue. C’était le cas, exemplaire, de la première saison, qui montrait à quel point le procès d’O.J. Simpson, célèbre joueur de football américain accusé du meurtre sauvage de son ex-femme en 1994, était un écho vertigineu­x à la situation raciale aux Etats-Unis. L’objectif, cette fois, est d’interroger l’homophobie ordinaire lovée au coeur de la société d’alors. Il n’y a qu’à voir avec quel mépris les flics interrogen­t le compagnon de Versace juste après les faits pour comprendre que l’époque, ces 90’s faussement décomplexé­es, était encore bourrée de préjugés. L’ouragan Katrina et l’affaire Monica Lewinsky sont en ligne de mire des prochaines levées d’American crime story. Encore de nombreuses heures d’addiction télévisuel­le en perspectiv­e.

American crime story : L’assassinat de Gianni Versace, avec Edgar Ramirez, Penélope Cruz, en mars sur Canal +

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Ci-contre : Darren Criss en Andrew Cunanan, l’assassin de Gianni Versace. En bas : Penélope Cruz en Donatella Versace, la soeur du créateur.
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