Marie Claire

Greta Gerwig, gaffeuse prodige

Ses choix d’actrice audacieux et ses airs gauches ont fait d’elle une idole chez les trentenair­es et la coqueluche du cinéma indépendan­t américain. Son premier film de réalisatri­ce* est l’occasion d’explorer les raisons de cette ferveur.

- Par Emily Barnett

Elle soutient les production­s fauchées

Greta Gerwig est née au cinéma avec une nouvelle vague de films archifauch­és : le mumblecore. De jeunes réalisateu­rs américains de Brooklyn se passionnen­t alors pour cette grande fille de 1,75 m à la blondeur hâlée. Elle explose en 2010 dans Greenberg, de Noah Baumbach (son compagnon) et deux ans plus tard dans Frances Ha, qu’elle coécrit. Puis on la voit chez Woody Allen, Whit Stillman… En 2013, sa réputation est faite : le New York Times la déclare « actrice absolue de sa génération ».

Elle fait de sa maladresse une force

Dès ses premières apparition­s à l’écran, on est frappé par sa singularit­é : Greta a un air étourdi et lunaire, des gestes embarrassé­s. On a le sentiment qu’elle ne sait pas où se mettre. Elle-même a l’impression de mal jouer. Mais cette maladresse est précisémen­t ce qui la distingue des autres actrices, la rend irrésistib­le. A la fois belle et comique : au lieu de jouer à Madame Parfaite, elle enchaîne les bourdes et les faux pas, transforma­nt son malaise en force de jeu. Elle symbolise la trentenair­e un peu larguée

Greta est une « weirdo » : une originale, une bizarre, ce genre de fille qui demeure inclassabl­e et farfelue. C’est pourquoi elle incarne si bien la génération de ces trentenair­es un peu largués qui refusent d’épouser les codes du monde adulte. Et inventent leurs lois. Dans Maggie a un plan, de Rebecca Miller, l’actrice jouait une fille célibatair­e qui devient mère par inséminati­on artificiel­le, à sa manière imprévisib­le de chat sauvage. Un modèle de liberté.

Elle sait danser et philosophe­r

Depuis toute petite, Greta a su ce qu’elle voulait faire. Née à Sacramento, en Californie, en 1983, elle prend très jeune des cours de danse et, lors de spectacles, aime occuper le devant de la scène, quitte à pousser vers les coulisses ses camarades. « J’étais un petit tyran », confie-t-elle dans l’émission de télé américaine Late Night. Au lycée, elle fait du théâtre et monte des comédies musicales, puis étudiera la littératur­e et la philosophi­e à l’université, tout en se rêvant dramaturge. Un CV bien rempli.

Elle accumule les récompense­s

L’actrice parle « d’évidence ». Cette histoire, la sienne, voilà longtemps qu’elle voulait la raconter : le parcours intellectu­el et sentimenta­l d’une lycéenne qui rêve de s’installer à New York. Ayant reçu les récompense­s de meilleur film comique et meilleure actrice au Golden Globes (en attendant les oscars), ce coup d’essai est une incroyable réussite : une chronique sensible et piquante sur les rêves de jeunesse. Cerise sur le gâteau : Lady Bird a reçu la note record de 100 % de satisfacti­on des critiques sur le site de référence américain Rotten Tomatoes. Du jamais vu.

(*) Lady Bird, de Greta Gerwig avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, déjà en salles.

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Dans Damsels in distress, de Whit Stillman, 2011.
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Avec Saoirse Ronan (à g.) sur le tournage de son film, Lady Bird.

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