Elisabeth Quin*, journaliste

Agression A 12 ans, j’ai subi l’abjection ordinaire de l’exhibition d’un flasher, dans le bus, à Paris : assis à côté de moi, il a sorti son sexe flaccide. Ce fut si inattendu que je n’ai pas réalisé tout de suite la teneur de la situation. Je n’ai pas pensé alerter les autres passagers, prise en otage par la sordidité de ce qu’il m’imposait. Je me suis juré de ne jamais plus rester « médusée » si cela devait encore arriver. Lâcheté Et puis, quinze ans plus tard, dans le métro, un jeune type a touché les fesses d’une femme qui s’est retournée et lui a collé une baffe en l’abreuvant d’insultes fleuries ; le mec s’est ratatiné sur lui-même et a filé vers la sortie. J’ai jubilé. J’étais vengée du flasher. La campagne J’ai une fille qui aura peut-être une fille, etc. Je ressens une empathie sororale et de la rage envers les harceleurs hasardeux ou patentés. Egalité, respect, considération et bonté : les quatre piliers de la bonne entente entre les femmes et les hommes dans l’espace public. Et privé.