Marie Claire

IDÉES claires

A chaque numéro, Marie Claire interroge quatre personnali­tés, venues d’horizons différents, sur un thème universel. Ce mois-ci :

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Agathe Bonitzer Comédienne

J’ai une réticence à accepter d’être consolée. C’est sûrement lié à la perte de contrôle. A l’enfance aussi. Il y a quelque chose de régressif à être pris en charge, à se réfugier dans l’autre. Accepter d’être consolée permet de mieux consoler aussi. Cela dit, je cherche souvent à me consoler seule : en tournage, par exemple, dans une ville ou un pays étrangers, je me réfugie au supermarch­é. Les couleurs, l’infinité de l’offre et la surenchère me consolent. Cela dit, il peut y avoir quelque chose de pervers malgré soi dans la consolatio­n, comme ces gens qui regardent les journaux télévisés, les horreurs d’autrui, pour se rassurer sur leur sort : « Il y a pire que moi. » A l’affiche de La belle et la bête de Sophie Fillières, sortie le 14 mars.

François Morel Comédien

Notre besoin de consolatio­n est certes impossible à rassasier, mais tout dépend de l’ampleur du chagrin. Pour un point perdu sur son permis de conduire, un morceau de chocolat peut suffire ; pour une déception sentimenta­le, un verre de vin – un deuxième puis un troisième, voire un dix-septième – devrait suffire. En fait, ce qui me console le mieux, c’est de monter sur scène, me lancer à corps perdu, à faire le fou, à chanter, à rire. Mon besoin de consolatio­n est impossible à détecter.

Dernier ouvrage paru : C’est aujourd’hui que je vous aime,

éd. du Sonneur.

Faïza Guène Ecrivaine

Il y a quelque chose de très maternel dans cette notion. C’est un pouvoir magique qu’ont les mères en nous prenant dans leurs bras. Pas besoin de mots ni d’arguments. Ma maman m’a toujours réconforté­e par des gestes, des regards. Ça laisse penser que l’autre a compris ce qu’on ressent. La première fois que je l’ai consolée, ça a été très déroutant pour moi. J’ai dû lui annoncer que sa propre mère était décédée. Tout était déséquilib­ré, c’était très troublant. Etre consolée, c’est s’attendre à un retour à un moment donné. Je suis devenue maman, donc à mon tour de réconforte­r ma fille. Il y a une sorte de passation. En consolant ma mère je me suis rendu compte que je n’étais plus une enfant. Dernier ouvrage paru :

Millénium blues, éd. Fayard.

La Grande Sophie Chanteuse

Lorsque je me pose la question de savoir pourquoi j’écris des chansons, je me demande toujours si ce n’est pas pour me consoler de quelque chose. J’ai l’impression que nous sommes tous inconsolab­les, je n’ai pas forcément trouvé de quoi à mon sujet, mais il est évident que l’écriture et l’imaginaire constituen­t une consolatio­n énorme pour moi. Je n’ai, à ce jour, rien trouvé de mieux que la chanson et le spectacle pour me consoler. Je me rends compte qu’après un concert les gens qui viennent me voir s’accrochent à un mot auquel ils vont s’identifier et trouver une certaine forme de consolatio­n. Cela dit, auprès de mes proches je suis davantage une consolante qu’une consolée. « L’une et l’autre », lecture musicale avec Delphine de Vigan, en tournée puis le 28 mars à Paris (Théâtre des Bouffes du Nord).

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