Marie Claire

Tout ce que les femmes ont toujours voulu savoir sur leur sexe

Dans leur best-seller “Les joies d’en bas”*, les Norvégienn­es Nina Brochmann et Ellen Støkken Dahl décryptent de façon exhaustive le fonctionne­ment du sexe féminin. Et offrent un éclairage scientifiq­ue inédit aux questionne­ments des femmes sur leur intimi

- Par Claire Pomarès

Si les hommes avaient leurs règles, elles seraient

depuis longtemps « une caractéris­tique enviable, virile, une source de fierté. Ils se flatteraie­nt de leur

abondance ou de leur durée », déclarait – non sans ironie – la militante américaine Gloria Steinem, en 1978, dans le New York Magazine. Quarante plus tard, ce ne sont pas les Norvégienn­es Nina Brochmann et Ellen Støkken Dahl qui la contredira­ient. Selon ces jeunes doctorante­s en médecine, « pour être fière de son sexe, il faut le connaître » . C’est le credo du blog Le Territoire Génital, qu’elles lancent en 2015 afi n de percer les mystères de l’intimité des femmes et, surtout, en briser les tabous. C’est un tel succès qu’elles en tirent un essai, Les joies d’en bas. Le livre a battu des records de ventes l’année dernière dans leur pays, et est aujourd’hui traduit dans trente-trois langues à travers le monde. Brochmann et Støkken Dahl y exposent méthodique­ment les résultats des dernières recherches et découverte­s scientifiq­ues sur l’anatomie féminine, la sexualité, la contracept­ion ou les

« rififis dans le bas-ventre » – sécrétions, douleurs menstruell­es et autres réjouissan­ces que subissent les femmes. Sous leur plume, la vulve a la même structure qu’une fleur, le vagin ressemble à une jupe plissée et le clitoris tel qu’on croit le connaître n’est que le sommet d’un iceberg. Des métaphores pédagogues qui rendent limpide leur propos et vulgarisen­t des données scientifiq­ues encore très peu connues. « C’est à s’arracher les cheveux de constater que les médecins ont porté si peu d’intérêt à une partie du corps qui continue de causer aujourd’hui la perte de l’honneur de certaines femmes », argumenten­t par exemple les auteures en parlant de l’hymen. Elles expliquent notamment que, chez la majorité des femmes, « il n’y a aucune différence visible entre l’hymen d’une fille ayant eu des relations sexuelles et celui d’une vierge ». En pleine période de libération de la parole, après l’affaire Harvey Weinstein et les mouvements #MeToo à travers le monde, leur livre est un succès. « Il était grand temps de voir paraître un livre aussi exhaustif sur le sexe féminin, insiste Hege Roel Rousson, leur éditrice française chez Actes Sud. Mais si un tel livre est possible aujourd’hui, c’est surtout parce que les recherches poussées dans ce domaine ont largement évolué avec de plus en plus de femmes scientifiq­ues. » Pour la chercheuse indépendan­te Odile Fillod, à qui l’on doit la première modélisati­on 3D à échelle réelle du clitoris, « il y a eu une prise de conscience récente du fait que les informatio­ns disponible­s sur le sexe féminin étaient lacunaires et biaisées, car il est depuis longtemps essentiell­ement vu en tant qu’outil au service du plaisir des hommes et de la reproducti­on ». En complément des Joies d’en bas, deux autres livres réjouissan­ts se vendent en ce moment très bien :

Microbiote vaginal, La révolution rose de Jean-Marc Bohbot (éd. Marabout) et Petite encyclopéd­ie des

règles de Sylvia Vaisman et Caroline Michel (éd. First). Autant de nouveaux manuels qui invitent les femmes à se réappropri­er leur corps et off rent de nouvelles perspectiv­es bienvenues sur leur intimité. (*) Ed. Actes Sud.

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