Marie Claire

Dans le bureau de Roxanne Varza

Rapports hiérarchiq­ues, organisati­on, sexisme, inquiétude­s et conviction­s : tous les mois, une femme nous parle du quotidien sur son lieu de travail.

- Par Corine Goldberger

— Que faites-vous en premier au travail ? Je vérifie toujours mes mails dans le métro. Comme ça, j’arrive détendue. J’ai déjà avancé sur des priorités. —Votre tenue de combat profession­nelle ? Vous n’allez pas me croire, mais pour les moments stratégiqu­es je suis en jean et baskets ou talons plats. C’est dans cette tenue que j’ai reçu le président argentin Mauricio Macri, en janvier. C’est important de rester fidèle à ce que l’on est. —Prenez-vous un petit-déjeuner ? Un bol de céréales. Pas question de sauter ce moment. — Où déjeunez-vous ? Ici, sur place, avec mon équipe, sur une grande table. On parle rarement travail en déjeunant. Le lundi matin, nous nous racontons ce que nous avons fait le week-end. —En quoi êtes-vous le plus douée ? Je suis bonne en communicat­ion, pour fédérer des gens. —Votre faiblesse ? Je n’aime pas les chiffres, et Station F est un projet à chiffres très important. Mais j’ai de très bons collaborat­eurs. —Profession­nellement, que ne supportez-vous pas que l’on dise de vous ? Les réflexions sexistes : que j’aurais eu le poste parce que je suis une femme, à cause de mon physique, etc. C’est le genre de commentair­es qu’on trouve sur certains blogs. —Avez-vous connu le harcèlemen­t, les agressions sexuelles au travail ? J’ai surtout eu droit aux réflexes sexistes involontai­res de la part d’entreprene­urs, comme le jour où l’on m’a dit, chez TechCrunch (site d’informatio­n spécialisé dans l’actualité des start-up) : « Prenons un exemple, Roxanne, que vous allez comprendre : le shopping. » —Avez-vous été atteinte de ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur ? Quand j’ai été recrutée par TechCrunch, j’avais accepté sans trop réfléchir. Je suis Américaine, et la première fois où j’ai dû écrire un billet en français, j’ai paniqué et j’ai appelé un ami, Cédric Giorgi. Il m’a dit : « Calme-toi, je vais t’aider. » —Et celui de la bonne élève ? Je n’ai jamais eu ce sentiment d’être la fille brillante qui ne demande rien pour évoluer profession­nellement ; comme à l’école, où les bonnes élèves s’attendent à être automatiqu­ement félicitées par la maîtresse. Et pourtant je ne cherche pas spécialeme­nt à me mettre en avant pour être promue. —Votre partenaire connaît-il/elle les prénoms des membres de votre équipe ? Oui, de tout le monde. — Quels sacri ces avez-vous dû faire ? J’ai quitté mon pays, les Etats- Unis, ma famille, mais c’était le résultat d’un choix. — Que faites-vous pour tenir le coup ? Quand la pression est forte, ce qui m’aide vraiment, c’est de déconnecte­r, le soir, en rentrant chez moi : ne pas vérifier mes mails, ni mon téléphone en général, pour profiter vraiment de mes moments avec mes proches. — Quelles drogues, en cas de période extrême ? Le café, mais en quantités normales, et le chocolat. —Le meilleur conseil profession­nel que l’on vous ait donné ? C’est le conseil implicite, non formulé, donné par quelqu’un qui me faisait confiance : « Accepte les responsabi­lités que l’on te confie. » Ça m’est arrivé plusieurs fois.

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 ??  ?? A 33 ans, Roxane Varza dirige Station F, “le plus grand campus de start-up au monde”, créé par Xavier Niel.
A 33 ans, Roxane Varza dirige Station F, “le plus grand campus de start-up au monde”, créé par Xavier Niel.

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