Marie Claire

L’expertise de Nicolas Maury

Sa tante esthéticie­nne lui a tout appris. A 38 ans, l’acteur entretient une relation intime aux crèmes et aux soins. Qu’il partage chaque mois avec les lectrices de “Marie Claire” en testant et commentant une sélection de ses meilleurs produits. Avec son

- Par Marianne Mairesse – Photo Jules Faure

—Votre teint est extrêmemen­t frappant car très lumineux. En avez-vous conscience ?

C’est un travail. J’ai une tante esthéticie­nne, j’étais un peu son cobaye enfant et très tôt, j’ai pensé mon visage comme une surface des possibles.

— Que représente la cosmétique dans votre vie ?

C’est mon addiction. Faire des paniers d’achats sur Internet me fascine, ce sont des récompense­s. Dans mon métier, je donne de ma peau et j’aime me retrouver chez moi, laisser poser des masques toute une nuit, c’est une idée de la douceur, c’est l’accepter. Une vraie détente. J’adore lire et pendant que je lis, je trouve génial qu’un produit travaille sur mon visage. Comme les kits resurfaçan­ts. Les mots ont un pouvoir. C’est extraordin­aire de se dire qu’à un moment, on n’aime pas sa surface et qu’un produit va nous resurfacer. Mon visage serait ma page blanche.

— Comment est né votre lien avec votre tante esthéticie­nne ?

Elle s’appelle Jackie (rires). Par coquetteri­e, en fait elle s’appelle Jacqueline. Elle a été avant-gardiste dans les années 80, portait des cuissardes à SaintYriei­x-la-Perche, un look à la Bonnie Tyler, des maquillage­s à la Kim Carnes. Quand elle a commencé son école d’esthéticie­nne, je devais avoir 8 ou 9 ans, elle me maquillait en clown, mais moi j’aimais énormément le moment du démaquilla­ge, savoir quel lait, quelle crème utiliser. Je me souviens de mon premier achat à 14 ans, la crème Hydrazen de Lancôme. Je l’ai achetée en cachette, comme un paquet de clopes ou de la drogue. Je ne l’ai jamais dit à personne. Je sentais qu’un garçon ne devait pas faire ça. En devenant acteur, j’en ai eu le droit. Dans Dix pour cent, je joue un homme de 25 ans, j’en ai douze de plus, c’est plutôt bien que je me sois occupé de ma peau !

— Comment achetez-vous vos produits de beauté ?

Beaucoup sur des sites. Net-a-porter pour certaines marques. J’adore feelunique.com, qui peut faire de - 20 à - 30 % sur les grandes marques et les marques pointues. J’achète beaucoup chez Moncornerb aussi. Même quand je passe un casting que je n’ai pas, je vais me récompense­r au Printemps de la Beauté. C’est très enfantin, je le sais. On traverse tous des angoisses, des peurs, et pendant ces traversées, moi je fais des paniers. Ça me met en joie.

— Quel est votre plus grand plaisir dans la beauté ?

Quand on me dit que j’ai une peau lumineuse. Cela me flatte, même plus que si l’on me dit : « Tu es intel

ligent. » C’est aussi de rentrer chez moi l’été et de faire des soins à ma soeur, à ma mère, à ma nièce. C’est très bizarre de toucher la peau de sa mère. C’est un moment intime, un moment volé au temps.

— Comment votre compagnon a-t-il réagi à votre addiction ?

Cela a été pour lui comme un tsunami et en même temps, la première chose qu’il m’ait offerte a été un contour des yeux de Guerlain. Parfois ça l’eff raie. Mais ce qui lui a aussi plu chez moi, c’est mon visage.

—Vous avez acheté votre premier produit de beauté en cachette. Quand vous êtes-vous senti libre de l’assumer ?

Une partie de moi ne l’assume toujours pas. A la caisse par exemple, quand des personnes voient ce que j’achète. Ou quand j’arrive avec mon blouson, mal rasé, et que les vendeuses me disent : « On peut

vous renseigner ? » Je réponds : « Non, je connais », mais elles pensent que je dis cela car je suis gêné. Alors je leur pose des questions qui les coincent (rires).

—Vous avez peur des a priori ?

Oui, et comme je suis un gars féminin, précieux, je peux entrer très vite dans des cases. Très franchemen­t, je trouve beaucoup plus sexy un homme qui ne fait rien. Mais moi, les protocoles beauté me mettent en joie, en désir, en promesse de continuité. Il y a de grands évènements dans la vie d’un acteur et je trouve beau de me dire : « Je vais avoir une très belle peau ce jour-là, je vais être bien dans ma peau. » Je suis adulte, j’ai des pensées politiques, mais c’est mon monde des merveilles.

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Du moment d’achat aux temps du soin, l’acteur voue un culte aux protocoles beauté, qu’il vit comme des récompense­s : « Ils me mettent en joie, en désir, en promesse de continuité. C’est mon monde des merveilles. »

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