Tempête 90’s sur les têtes
Bannis du cénacle mode, chouchous, pinces crabes, serre-tête zigzag et maxi-bandeaux viennent encanailler les défilés. Mais ces accessoires liés à la culture pop des années 90 sont-ils devenus portables pour autant ?
Autrefois, la rue copiait la mode, mais depuis que Demna Gvasalia et le collectif Vetements ont une voix, la mode sublime les symboles populaires jusqu’à brouiller les codes du luxe. Vu chez Balenciaga, dont Demna est le directeur artistique, le chouchou en cuir s’arrache à 200 € ce printemps. La saison prochaine, c’est peut-être la pince crabe du défilé d’Alexander Wang, annoncée à 120 €, ou le serre-tête zigzag vu chez Prabal Gurung qui feront parler. Autant d’articles que l’on se procure assez facilement pour un dixième du prix annoncé sur le marché du dimanche. Et qui nous rappellent les sombres heures stylistiques des 90’s, dictées par les Spice Girls et autres girls bands. « Avec ces accessoires cheveux, les designers rendent hommage à la décennie du tout permis et son impertinence presque chaotique. En bonus, rien de tel qu’un détail choc pour typer une silhouette et faire parler d’un défilé », analyse Dinah Sultan, consultante en style de l’agence Peclers. Alors, portées par la tendance du bon-mauvais goût, les CSP+ s’interrogent sur le bien-fondé d’arborer la pince crabe si longtemps méprisée et réservée aux couches les plus populaires de la société. Tout comme le serre-tête zigzag, carrément honni car récupéré par les footballeurs (souvenez-vous de Dugarry). Le verdict du coiffeur David Lucas, fondateur des salons éponymes : « Je me bats contre la pince depuis toujours. La porter, c’est vraiment une façon de se débarrasser de ses cheveux plutôt que de se coiffer. » Il y a pourtant fort à parier que la génération des millennials, exempte de préjugés sur le sujet, va s’approprier la tendance. « Pour distinguer la version “je sors les poubelles” du style Alexander Wang, il faudra alors travailler la matière, comme sur le show, avec un beau plaqué brillant, par exemple », conclut David Lucas. Se coiffer, en fait.