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En épousant le prince Harry le 19 mai, l’Américaine Meghan Markle apporte un peu de sang frais à la monarchie britannique.
Il lui suffit d’apparaître avec un sac, ou un manteau, pour que dans les heures qui suivent, les marques concernées soient dévalisées, ou doivent faire face à une saturation de commandes sur leur site de vente. L’entrée de Meghan Markle à Buckingham est une manne financière. D’après le site Bloomberg, le mariage, qui se déroulera le 19 mai, devrait générer près de 67 millions d’euros de recettes rien qu’en vente de souvenirs. Au total, selon le cabinet Brand Finance, l’union rapportera au pays quelque 564 millions d’euros. « S’il y a évidemment un fort intérêt financier – il suffit de voir comment les blogs de mode décryptent la moindre de ses tenues, qui se retrouve aussitôt en rupture de stock –, son arrivée au sein de la famille royale est un excellent signal en termes de progressisme pour le peuple d’Angleterre », analyse le spécialiste des monarchies Stéphane Bern. Et pas uniquement pour des raisons fi nancières.
Toutes les caractéristiques qui apparaissaient il y a encore deux ans comme autant de freins à l’intégration de la jeune femme à la couronne – son origine américaine, son travail d’actrice, son divorce, son métissage – font souffler un vent de modernité sur une institution dont 52 % des Britanniques estimaient en 2010 qu’elle serait abolie d’ici à 2050. « De par ses origines afro-américaines, elle peut témoigner de racisme dans une société multiculturelle. Désormais, on ne pourra plus reprocher à la couronne d’être en décalage avec la vie réelle des gens, comme à l’époque de Diana », ajoute le journaliste de la royauté. Comme le souligne le site britannique The Spectator, « il y a soixante-dix ans, elle aurait été la maîtresse du prince, et pas sa femme » . Mais entre l’abandon de sa nationalité, de son métier d’actrice, et son futur baptême selon le rite anglican, celle que l’on a connue dans la série télé Suits, Avocats sur mesure devra, malgré son féminisme assumé, se soumettre à son nouveau rôle de princesse. Le protocole royal interdit notamment les commentaires sur la vie politique. Se permettra-t-elle alors de prendre part comme elle l’a toujours fait au combat féministe, ou devra-t-elle y renoncer ? Peut- être usera-t- elle de cette aisance naturelle qui semble lui venir de son passé de diplômée en relations internationales puis de petite main à l’ambassade des Etats-Unis à Buenos Aires. De la diplomatie, il va lui en falloir. « En plein marasme européen post-Brexit, leur union est une très bonne opération de séduction pour multiplier les liens avec les Etats-Unis, qui ne connaissent pour l’instant le prince Harry qu’à travers le scandale de ses photos nu à Las Vegas », analyse Maud Garmy, journaliste, spécialiste des événements royaux. La fiancée de 36 ans n’a pas encore la popularité de sa future belle-soeur, elle aussi roturière, Kate Middleton, mais sa sérénité face aux remarques racistes dont elle a été la cible, son attachement à l’Afrique et ses engagements féministes à l’Onu, où elle oeuvrait jusqu’à ses fiançailles pour le droit des femmes, ont touché « une jeunesse anglaise ravie de voir une jeune aussi engagée intégrer la royauté », poursuit la journaliste. Finalement, l’exactrice risque bien de donner à la couronne ce qui lui manquait : le beau rôle.