Marie Claire

L’élu Yann Le Quellec

A l’image de son premier long métrage*, conte qui mélange film de clown et western, le jeune cinéaste et producteur est un hyperactif fantasque et rêveur.

- Par Emily Barnett (*) Cornélius, le meunier hurlant, avec Bonaventur­e Gacon, Anaïs Demoustier, déjà en salles.

Les corps 1

Ses premiers émois de spectateur sont nés avec Jacques Tati, Buster Keaton et Charlie

Chaplin. « Il y a la porte d’entrée du plaisir et de l’enfance, puis on y retourne régulièrem­ent en découvrant le sous-texte. J’ai une passion pour les corps et leur savoir-faire, le music-hall, l’acrobatie. C’est toujours l’histoire d’un corps dans un lieu qui traduit ou révèle des choses qu’il voudrait masquer. »

Emprunté 2

C’est un grand maladroit. « Jeune, j’étais incapable de porter un plat sans le faire tomber. Quand je suis arrivé à Paris, je ne connaissai­s pas tous les codes. Je me sentais emprunté, au sens propre du terme. Dans des milieux sociaux qui ne sont pas les nôtres, on ne sait pas quoi faire de son corps. »

Guidon 3

« Faire du vélo, c’est un truc mental, déclare ce fou de cy

clisme. Ça ne tourne jamais rond très longtemps. On est en rapport avec la folie, la fragilité… d’où les expression­s “perdre les pédales”, “avoir le nez dans le guidon”. » Le Quellec a travail lé avec l’ancien champion Bernard Hinault sur son deuxième moyen métrage, Le quepa sur la vilni !

Maîtresses 4

La vieille gloire du punk Iggy Pop a signé la bande originale de Cornélius, deux magnifique­s chansons proches du

conte. « Je lui ai envoyé les cinq premières minutes du film, et il m’a rappelé pour me dire : “I’ll

do it.” J’adore sa voix, mélange d’animalité et de douceur. Il a appris le français, et je crois qu’il a eu beaucoup de maîtresses françaises, donc ça l’a aidé. »

Louis-le-Grand 5

« Je viens d’un petit village de Bretagne ; pour moi, Rennes c’était New York. » Ce qui ne l’a pas empêché de suivre un

parcours brillant : « Je suis devenu un bon élève en intégrant le lycée Louis- le- Grand puis HEC. »

Graffeur thaï 6

« Je suis parti en Asie pour quatre ans. J’ai trouvé un boulot dans une entreprise et, en parallèle, j’ai commencé une thèse, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, sur les contre- cultures asiatiques. En gros, la journée je bossais, et le soir j’allais voir des rockeurs indonésien­s et des graffeurs thaïlandai­s. »

Start-up 7

Il a plus d’une corde à son arc. Après avoir créé une entreprise de fi nancement de startup dans le secteur des médias, il est allé trouver Wild Bunch, à l’époque label au sein de StudioCana­l, pour les soutenir dans la production de fi lms, de Woody Allen à Michael Moore. « Je dirige aussi une sofica, Cinémage, qui cofinance beaucoup de premiers et deuxièmes films. »

Finlande 8

« J’ai pas mal de passions un peu bizarres. » Chaque année, en effet, Yann Le Quellec se rend en Finlande, au championna­t du monde d’air guitar – l’art de jouer sans instru

ment. « Il y a toute une communauté poétique que j’adore. J’en ai tiré, avec Romain Ronzeau, une bande dessinée, Love is in

the air guitare, publiée aux éditions Delcourt. »

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