The bold type : #metoo and the city
Une série pop et futée modernise le propos de “Sex and the city” en se posant les vraies questions sur ce que signifie être une jeune femme dans une grande ville aujourd’hui.
Ci-dessous, les trois personnages principaux de The bold type : Kat (Aisha Dee), la directrice des réseaux sociaux, Jane (Katie Stevens), la rédactrice, et Sutton (Meghann Fahy), l’assistante mode.
Cela pourrait n’être qu’une vague resucée de Sex and the city mixé avec Le diable s’habille en Prada, mais The bold type vise plus haut : ultra-incisive, remarquablement bien écrite, avec des répliques et des intrigues qui fusent, cette série créée par la scénariste Sarah Watson ne ferait pas honte à ses augustes marraines Carrie, Samantha, Miranda ou Charlotte… Mais Sarah Watson s’est aussi fixé comme ambition de renouveler le genre, de le pousser plus loin et d’explorer ce que signifie vraiment être une jeune femme dans une grande ville aujourd’hui. A quoi s’exposet- on ? Quelles questions se pose-t- on sur sa carrière, sur sa sexualité ? Que signifie être victime de harcèlement misogyne sur Twitter, devoir admettre qu’on n’a jamais eu d’orgasme, être attirée par une femme alors qu’on se croyait hétérosexuelle, devoir négocier son salaire face à un auditoire exclusivement masculin, etc. Sous ses dehors de bonbon acidulé, The bold type a donc bien des choses à dire sur la condition féminine et l’engagement des femmes. Le titre est un jeu de mots sur l’adjectif « bold » qui, en typographie, désigne les caractères gras, mais qui sert aussi à qualifier quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux. Cela sied parfaitement à la série autant qu’à ses héroïnes.
Tout simplement lui téléphoner
Cet objet délicieusement léger sait aussi être profond et, surtout, totalement en phase avec l’époque, qu’il s’agisse de questionner les casques de réalité virtuelle pas du tout adaptés à la physionomie féminine ou d’ausculter en souriant ce que les réseaux sociaux changent dans les rapports humains. Comme le dit une collègue à l’une de nos jeunes spécimens : « Je sais que ce n’est pas évident pour votre génération, mais tu pourrais peut-être tout simplement lui téléphoner ? » La grande réussite de The bold type se situe dans l’équilibre parfait que les auteurs ont su orchestrer entre le divertissant et le sérieux. Une série féministe et pop, aussi concernée que joyeuse, dont il serait dommage de se priver.