Marie Claire

La coupe selon Rok Hwang

Vainqueur, cette année, d’un prix spécial LVMH avec sa toute jeune marque Rokh, le créateur sud-coréen inscrit la sensibilit­é tranchante de son esthétique dans une intemporal­ité sereine. Rencontre.

- Par Louise des Ligneris

—Vous avez vécu dans différents pays, travaillé chez Céline, Chloé, Louis Vuitton… Comment ces expérience­s ont-elles influencé votre style ?

C’était intense, culturelle­ment et émotionnel­lement. J’ai vécu à Séoul, au Texas puis à Londres à l’adolescenc­e, j’ai passé quelques années chez Céline (au sein de l’équipe de Phoebe Philo, ndlr). Mais, lorsque j’ai lancé Rokh, je me suis concentré sur ma propre esthétique, sur mon langage.

—On peut voir dans vos vêtements une muse qui se dessine…

La femme Rokh me ressemble sans être mon alter ego, c’est plutôt mon âme soeur amicale. Bien des marques représente­nt une femme forte, arty, avec une identité très marquée. Moi, au contraire, je veux montrer une fragilité, une sensibilit­é, une femme avec un calme intérieur.

—Pourquoi inscrire « 0000 » sur les étiquettes de vos créations ?

J’ai beaucoup de pièces vintage de Ted Lapidus ou Madame Grès et, à l’époque, on écrivait sur l’étiquette la saison à laquelle ils appartenai­ent. Avec ce « 0000 », je fais l’inverse, je rends mes créations intemporel­les, sans leur donner de saison.

—Qu’est-ce qui est le plus exaltant lorsqu’on lance sa marque ?

C’est comme écrire un roman. Je trouve cela très beau. J’aime travailler avec mon équipe qui est un peu une seconde famille.

—Il y a une certaine brutalité dans votre travail, comme si les vêtements étaient découpés à vif…

Dans mon processus de création, je coupe les vêtements, j’enlève de la matière et, subitement, je vois quelque chose qui me plaît. Là, je m’arrête, même si ça n’a pas l’air tout à fait fini, et je me concentre sur les finitions. C’est assez transcenda­ntal. Pour Rok Hwang (1), cet automne-hiver sera celui du trench à carreaux à harnais (2) et des superposit­ions singulière­s (3).

—Vos vêtements et accessoire­s peuvent se porter de différente­s manières…

Chacune doit pouvoir adapter mes vêtements à son propre style et les porter de différente­s façons selon l’humeur. Ça fait partie de l’expérience. Une philosophi­e ludique que je souhaite partager. J’aime penser que mes vêtements accompagne­ront des personnes durant des années, même si leur style évoluera tout au long de leur vie.

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