On est séduit
On l’aime bien, Emmanuel Mouret… Son cinéma paraît hors du temps, fausses bluettes bavardes et délicatement ouvragées. Il semble donc parfaitement à sa place dans cette adaptation lointaine d’une nouvelle de Diderot, l’occasion de faire enfiler à ses comédiens robes flottantes, vestes à boutonnage et jabot blanc. Dans le rôle du Casanova de pacotille, Edouard Baer ; dans celui de la maîtresse bafouée et résolue à se venger, Cécile de France. Tourné principalement en intérieurs (avec quelques scènes de promenade), Mademoiselle de Joncquières est un film où l’action se loge tout entière dans le langage, et où la jouissance des personnages comme du spectateur tient à la délicieuse variété de ces scènes dialoguées : joueuses, badines, manipulatrices, pétries de faux-semblants. Jamais sincères, toujours gracieuses. Si chaque film est un rêve, celui de Mouret en a la merveilleuse fluidité. Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret, avec Edouard Baer, Cécile de France, sortie le 12 septembre.