Marie Claire

Dans le bureau de Laurence Lafont

La numéro deux de Microsoft France, en poste depuis deux ans, nous reçoit pour parler de son quotidien, entre planificat­ions stratégiqu­es, misogynie ordinaire et boxe cardio.

- Par Corine Goldberger — Photo Elise Toïdé Plus d’informatio­ns sur la vie profession­nelle sur marieclair­e.fr rubrique MC@work

Ingénieure de formation et diplômée de Centrale Supélec, Laurence Lafont est, à 47 ans, la directrice du marketing et des opérations de Microsoft France.

—Pensez-vous, comme Sheryl Sandberg, que pour faire carrière il faut choisir le bon partenaire de vie ?

Mon partenaire monte son entreprise, il a une vie passionnan­te et il gagne moins que moi. Mais il est très respectueu­x de ma carrière, il accepte d’aller se coucher tandis que je continue à travailler tard, ce qui n’est certes pas très convivial. Mais je ne pourrais pas m’épanouir avec quelqu’un qui me culpabilis­erait à coup de : « Il n’y a que ton travail qui compte. »

—Quelle est la place de votre vie privée ?

Il y a des périodes de travail intense, où je rentre tard, comme lors du salon Viva Tech. Puis d’autres où je peux m’arranger. J’ai mes enfants de 16 et 14 ans une semaine sur deux, alors c’est très important de rentrer plus tôt, même s’ils sont grands.

—Avez-vous fait des sacri ces ?

On doit être à l’aise avec le fait de ne pas aller chercher les enfants à l’école. L’important c’est de leur offrir des moments de complicité, de surprise. A Microsoft, nous nous sommes engagés à initier les enfants à la programmat­ion informatiq­ue. —Profession­nellement, que ne supportez-vous pas que l’on dise de vous ?

Que je ne suis pas disponible. Parfois, des collaborat­eurs se disent : « Elle ne veut pas me voir parce que je ne suis pas important pour elle… » J’ai juste un agenda très chargé.

—Les qualités profession­nelles que vous admirez le plus ?

La capacité d’un leader à générer de l’énergie, de l’engagement, de l’enthousias­me dans les équipes.

—Prenez-vous un petit-déjeuner ?

Après un expresso long à la maison, j’arrive de très bonne heure à vélo électrique, et vers 8 h 30 je prends un café, tout en faisant le point, sur des tabourets hauts dans un bureau modulable, ce qui permet différente­s sortes d’échanges.

—Où déjeunez-vous ?

J’apporte une salade que je mange sur la table collective, tout en consultant mes e-mails, ou dans notre cantine. Plus haut de gamme : notre brasserie, le Paris-Seattle.

—Que faites-vous pour tenir le coup ?

De la boxe cardio tous les samedis. Ça libère mon énergie et me sert de défouloir, car ma profession exige beaucoup de travail, de décisions à prendre. Je fais aussi de la musculatio­n tous les dimanches dans un petit club, avec un coach.

—Votre tenue de combat profession­nel ?

Quand je suis arrivée chez Microsoft, je m’occupais du secteur public et je portais des tailleurs chics, mais en essayant de ne pas être trop classique. Aujourd’hui, je m’autorise une robe Kenzo rouge et un blouson en cuir. Et talons hauts de rigueur.

—Vos objets fétiches ?

Aujourd’hui, je n’ai plus de bureau attitré. Je suis mobile. Parfois je m’installe sur cette grande table. Je ne me sépare jamais de mon stylo, un beau roller offert par mon conjoint pour mes 45 ans. Et puis cette montre, une traditionn­elle automatiqu­e A. Lange & Söhne que je remonte chaque matin. J’aime bien la belle tradition horlogère, même si je travaille dans le numérique et l’innovation.

—Avez-vous connu la misogynie au travail ? Avant Microsoft, un client jordanien m’a considérée comme un cadeau faisant partie de la transactio­n… Comment lui faire entendre raison sans faire capoter la vente ? Heureuseme­nt, mes collègues masculins lui ont fait comprendre qu’en France, ça ne se passe pas comme ça. Et en Asie, quand j’étais vice-présidente de la société Oracle, il y avait des dîners profession­nels après lesquels on me ramenait à l’hôtel alors que ces messieurs partaient en soirée au karaoké, entre hommes.

Je n’avais pas forcément envie de chanter avec eux, mais c’est pour le principe.

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