La révolution de taille du sac à main
Plus petit voire minimaliste, porté autour du cou ou à la ceinture… cet accessoire culte change de physionomie. Et fait aussi de sa mutation une affaire d’hommes.
Fait amusant : si aujourd’hui une majorité de citadines ne peuvent s’imaginer sortir sans sac, cet accessoire n’est arrivé dans leur vestiaire qu’au XIXe siècle. Mais où diable rangeaient- elles leurs effets personnels avant ? Dans des poches cousues sous leurs robes bouffantes. Puis, lorsque les vêtements se sont allégés, les sacs à main sont apparus. En plus de leur aspect pratique, ils sont des marqueurs de richesse et définissent le rang social. On les orne de pierres ou de tissus onéreux. Et, soyons pragmatiques, ils sont devenus les pièces les plus rentables des maisons de luxe. Aux défilés Dior, Gucci, Chanel, Prada et Louis Vuitton, une mannequin sur deux en moyenne (si ce n’est plus) arbore un sac. Est- ce seulement esthétique ? Certainement pas. Mais, en 2018, à l’ère de la dématérialisation et des smartphones qui servent d’agenda, de carte de paiement ou encore d’appareil photos, les sacs se sont allégés pour laisser place à des contenants plus petits. La banane, par exemple, est subitement redevenue un objet désirable. Summum du pratique, on y range téléphone, make-up et clés. Plus insolite mais pas si aberrant, l’étui d’Iphone de luxe a aussi fait son apparition. Chez Vuitton ou Gucci, il ressemble à s’y méprendre à un petit sac à main, avec une poche intérieure pour ranger des papiers ou un ticket de métro. Il peut se porter à l’épaule avec une bandoulière en cuir. En libérant les mains, il permet d’occuper l’espace et la rue différemment. Paradoxalement, ce sont maintenant les hommes qui semblent s’attacher à lui. Mansur Gavriel a lancé en mai dernier une ligne qui leur est dédiée. Même son de cloche pour Jacquemus, qui a présenté au début de l’été sa première collection masculine. Sur trente-trois passages, vingt-trois sacs et pochettes. Mais dans la rue, les hommes sont-ils prêts ? Selon Marc Beaugé, il faut distinguer leurs envies et celles du marché : « Les sacs des défilés hommes sont sûrement encore vus par la majorité comme étonnants, baroques, féminins… Mais le marché ne va-t-il pas réussir à leur imposer ce nouveau besoin ? Il fait ce qu’il veut : s’il décide que l’homme doit acheter autant de sacs que la femme, il y arrivera, il créera des besoins. »