Beauté japonaise, la maîtrise du temps
Plus courts, plus subtils et moins complexes que ceux venus de Corée, les rituels originaires du Japon séduisent de plus en plus d’urbaines. A l’instar des soins et du make-up nés dans l’archipel.
Experts du soin depuis des décennies, les Japonais sortent de l’ombre pour faire connaître leur savoir-faire. « Après Fukushima, ils se sont recentrés sur les valeurs traditionnelles. Malgré leur pudeur, ils osent désormais mettre en avant leurs compétences », commente Florence Bernardin, fondatrice du bureau de tendances asiatiques Information & Inspiration. Les fondements de leur culture séduisent de plus en plus l’Occident. L’épure prônée par Marie Kondo fait recette – son livre, L’art du rangement (éd. First), s’est vendu à 2,6 millions d’exemplaires. Face au quotidien beauté chargé des Coréennes et à leurs innovations incessantes – mais parfois anecdotiques –, les rituels japonais de double démaquillage et de double hydratation semblent plus rationnels et accessibles. « Au Japon, s’occuper de sa peau est un moment que l’on prend pour soi-même. Ces rituels, presque méditatifs, inspirent les Occidentales, de plus en plus attirées par la pleine conscience », note Miyabi Kumagai, chez Shiseido. En France, la J-Beauty, la beauté japonaise, s’installe peu à peu. La maison franco-japonaise Evidens de Beauté multiplie les ouvertures de spas ; Sensai, fleuron du groupe Kanebo, installe son stand au Bon Marché, tandis que la marque de parfum Tobali choisit le Printemps. Quant aux shiatsus du spa Suisen, ils ont déjà séduit les Parisiennes. Le géant Shiseido gagne du terrain avec des lancements pointus dans le domaine du soin et réinvestit le territoire du maquillage avec quelque cent-vingt nouvelles références de couleurs cet automne. « Au Japon, le maquillage est une forme d’expression, subtile mais créative », assure Miyabi Kumagai. Là-bas, la marque Make Kitchen explose, tout comme RMK et Fairydrops, spécialiste du mascara. Mais, comme Three ou Shiro, spécialistes du soin à base d’ingrédients locaux, les labels japonais se développent en priorité en Asie, au grand dam des distributeurs français. Et de nous, amateurs de parfums subtils et de textures euphorisantes.