Marie Claire

L’Anglais chez le roi du manteau

Depuis plus de trente ans, Ian Griffiths, directeur de création Max Mara, est un homme discret, curieux et enthousias­te, dont la mission est de faire perdurer l’héritage de la maison de Reggio Emilia.

- Par Louise de Ligneris

—Pourquoi avez-vous présenté votre collection Resort au milieu des oeuvres de la collection Maramotti ?

Avec ce défilé, j’ai voulu raconter l’histoire de Max Mara. On l’a donc organisé à Reggio Emilia, berceau de la maison Max Mara, qui accueille aujourd’hui les oeuvres qu’Achille Maramotti (le fondateur de la marque, ndlr) a collection­nées tout au long de sa vie. Lorsque nos bureaux étaient encore entre ces murs, j’étais confronté au quotidien à ses oeuvres disposées un peu partout. Dans les vêtements de cette dernière collection, on retrouve donc l’aspect brut, épuré et toute une palette de couleurs inspirées des oeuvres de Pino Pascali, Jannis Kounellis, Cy Twombly ou encore Giovanni Anselmo.

—Quelle a été votre première rencontre avec la mode ?

Enfant, je me souviens que ma mère, comme beaucoup de femmes à son époque, concevait ses propres vêtements. Elle m’emmenait dans les boutiques pour l’aider à choisir les bons accords de tissus et de motifs en fonction du style qu’elle voulait adopter. Ensuite, je la regardais coudre. Finalement, j’ai toujours dessiné des vêtements. J’ai la mode dans le sang.

—Vous êtes directeur de création chez Max Mara depuis treize ans, au sein de la maison depuis trente ans : quelle est votre histoire avec cette marque ?

Max Mara, c’est un peu comme ma première maison. C’est amusant parce que dans les années 70 et 80, j’étais un post-punk à Manchester, je sortais dans les clubs et je suivais des groupes comme Joy Division. Personne n’aurait pu imaginer que j’allais travailler dans une telle maison. Mais un jour, j’ai rencontré Luigi Maramotti, qui m’a invité à rejoindre Max Mara, cette aventure dure depuis maintenant trente et un ans. J’avais une chance sur un million de trouver une maison avec laquelle je pourrais me sentir complèteme­nt chez moi et avec des valeurs auxquelles je m’identifie complèteme­nt. —A une époque où les changement­s dans le milieu de la mode s’enchaînent, vous faites figure d’exception…

J’ai eu le luxe d’avoir le temps de comprendre qui est la femme Max Mara. Je la connais presque comme une amie. Avec tout ce turnover, je pense qu’il est difficile pour un créateur de comprendre ce que raconte une marque, au risque que l’héritage d’une maison se perde irrémédiab­lement. Mon unique ambition est de construire un héritage Max Mara solide, avant de le laisser à mes successeur­s.

 ??  ?? La collection Resort (1 et 3) a été inspirée et présentée à Reggio Emilia, dans le lieu brut et épuré où est née la marque Max Mara. 2. Ian Grif  ths, ex-punk de Manchester, veille humblement depuis trente ans sur le patrimoine mode de la maison. 3
La collection Resort (1 et 3) a été inspirée et présentée à Reggio Emilia, dans le lieu brut et épuré où est née la marque Max Mara. 2. Ian Grif ths, ex-punk de Manchester, veille humblement depuis trente ans sur le patrimoine mode de la maison. 3
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