Marie Claire

Cinq fois Bergman

Brillant, le cinéma du Suédois parlait des femmes, de désir et de l’enfance comme aucun autre. La preuve avec cinq films qui ressortent en salle pour le centenaire de sa naissance.

- Par Emily Barnett

1. « Persona » (1966)

A partir des années 60, le réalisateu­r suédois affirme son style : gros plans, montage elliptique, visions étranges… La folie et le double féminin le fascinent. Persona organise un huis clos magnifique et vertigineu­x réunissant une actrice mutique et son infirmière. Mais ne nage-t- on pas en plein rêve ? Tourné au sud de Stockholm, sur l’île de Fårö, où a vécu l’auteur, ce film a marqué à tout jamais le cinéma par sa modernité, abordant la frontière poreuse entre fiction et réalité.

2. « Monika » (1953)

Chronique d’un premier amour, tourné à la belle saison (comme la majorité de ses films, le reste de l’année étant dédié au théâtre), Un été avec Monika (titre suédois) est une déflagrati­on de sensualité. A sa sortie, le film choque à cause de sa liberté de ton, de ses corps presque nus et de la beauté solaire de la toute jeune Harriet Andersson, sorte de Bardot suédoise qu’on recroisera souvent dans son oeuvre.

« Sourires d’une nuit d’été » (1955)

Son film le plus proche de l’oeuvre de Jean Renoir. Très influencé par le cinéma réaliste français des années 30, Ingmar Bergman orchestre un parfait marivaudag­e entre bourgeois et soubrettes, jeunes et anciens, qui atteint son point d’orgue dans une mystificat­ion lors d’un séjour à la campagne. Découverte au Festival de Cannes en 1956, cette oeuvre ludique et facétieuse sur la guerre des sexes offre enfin au cinéaste la reconnaiss­ance qu’il attendait.

3. « Scènes de la vie conjugale » (1973)

Le succès de ce film, tourné au départ pour la télévision, sera immense… au point d’inspirer une série bien connue : Dallas ! Pour dresser cette radioscopi­e d’un couple – un jeu de massacre de trois heures aussi cruel que jubilatoir­e à regarder –, Bergman s’appuie sur son expérience amoureuse avec Liv Ullmann, l’actrice principale. Tout est filmé à l’os, sans affect. Vampirisme, domination… Pourquoi aime-t- on et cesse-t- on un beau jour d’aimer ?

« Fanny et Alexandre » (1982)

Une autre oeuvre monstre – cinq heures en version longue, mais il existe une version courte ! Chef- d’oeuvre absolu et ultime, Fanny et Alexandre dessine une fresque baroque sur le paradis perdu de l’enfance, très largement autobiogra­phique. Tout y devient jeu, lanterne magique, fantasmago­rie, contrebala­ncé par la figure d’un méchant pasteur : manière pour Ingmar Bergman de régler ses comptes avec son propre père, un homme autoritair­e et violent.

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