Floraison de beautés romantiques
Joues roses, fleurs, fards bleus : sur les défilés comme chez les figures pop Beyoncé ou Lady Gaga, les codes de l’hyper-romantisme réinvestissent le champ de la féminité. Décryptage.
Tout s’est accéléré en septembre dernier, quand les éditions américaine et anglaise du magazine Vogue ont respectivement mis en couverture Beyoncé et Rihanna, têtes recouvertes de fleurs. Parallèlement, Lady Gaga s’épanouissait à la Mostra de Venise dans une robe brodée de plumes roses. Les trois pop stars se saisissant ainsi de codes associés à un romantisme onirique qui tranche avec leur image de femmes de tête bien ancrées dans la réalité. « C’est justement parce que les codes désuets sont arborés par ces filles-là, avec leur attitude, qu’ils trouvent une tout autre résonance », tranche Serge Carreira, spécialiste de la mode, maître de conférences à Sciences Po Paris. Claire Savary, cofondatrice du bureau de tendance Liberté/Mindful Trends, confirme : « Après l’ère des “girlboss”, celle de la puissance revendiquée et des costumes empruntés au vestiaire masculin, on arrive à un point où l’on est plus en paix. A ce moment où toutes les femmes se réunissent pour se battre pour leurs droits sans renier leur féminité ni se juger les unes les autres. » Caisse de résonance des tendances de société, la mode confirme cette envie de douceur pour l’été prochain. Chez Mansur Gavriel, où le minimalisme des tenues contraste avec les pâquerettes dispersées dans les cheveux des mannequins, comme chez Rodarte, où les filles tressées de fleurs, écho à leurs tenues à volants, semblent sortir de l’imagination de la romancière Danielle Steel. A ceci près que le défilé avait lieu… dans un cimetière. Pourquoi cette soudaine envie de guimauve ? « Avec ces interprétations du romantisme, on s’offre une profonde respiration. Comme une réponse onirique et fantasmée au doute et à l’incertitude qui règnent », répond Serge Carreira. Dans la mouvance, les mannequins de Marc Jacobs arboraient des chevelures rose pâle ou bleu dragée assorties à leurs ombres à paupières et leur cardigan. Une rêverie, loin de la caricature.