Augustin Trapenard
Journaliste
« J’ai accepté de poser parce que la cigarette fait totalement partie de qui je suis. J’ai tout le temps ce nuage de fumée, ces volutes qui m’encerclent. Au début, je pense que je fumais pour être un homme… pour atteindre l’essentielle virilité. Mais il y a maintenant cette phrase de mon professeur d’histoiregéo au collège, qui me hante : “A 15 ans, on prend une cigarette pour prouver qu’on est un homme, à 40, on essaie d’arrêter pour prouver qu’on est un homme…” J’ai 39 ans. (Il rit.) Je pense que tout est dit… Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est sa valorisation, pendant des années. Puis le fait qu’on soit soudainement parvenu à la déconsidérer, à la faire s’éteindre. Je trouve cela fascinant d’un point de vue culturel. La cigarette est devenue désuète. Par ailleurs, le discours médical, scientifique, moralisant, culpabilisant, liberticide parfois, même s’il s’agit de protéger la santé des gens, qui sans cesse me rattrape, m’y fait penser de plus en plus. J’ai été très fier de fumer, quand j’étais jeune. Je le suis de moins en moins. Pour autant, je ne le cache pas. Je fume énormément, c’est honteux. Mais la cigarette est l’un de mes rares besoins. Je m’accroche à cet attribut du diable. C’est une drogue. Et ça n’est pas très agréable de se sentir dépendant. »
Boomerang, sur France Inter, et Le cercle et 21 cm, sur Canal+.
« La cigarette est l’un de mes rares besoins. »