Marie Claire

Philippe Jaenada, écrivain, père d’un enfant de 18 ans

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« J’ai été présent à chaque minute depuis sa naissance.

Je suis à la maison quasiment vingtquatr­e heures sur vingt-quatre. Je l’ai vu grandir dans mes bras, millimètre après millimètre. Pourtant, ce n’est pas assez, c’est fou. Même quand on a un congé de paternité permanent, il faudrait plus. Alors onze jours… Mais ce qui doit les freiner, ce sont encore des histoires d’économie. Pour que les mecs n’abandonnen­t pas leur boulot pendant un mois. Pour être franc, ça n’a pas toujours été facile, sa mère ne travaille pas non plus. On s’est retrouvé avec ce petit machin. On ne sortait pas du tout. Ou alors au parc, le truc cafard à mort. On s’engueulait sans arrêt. On aurait dû le mettre à la crèche, pour respirer. Quand ma femme a arrêté d’allaiter, j’ai donné des biberons. Et comme j’écrivais la nuit, je m’occupais de lui. Quant aux couches, je suis passé maître, d’une main, les yeux fermés. Les réunions de parents d’élèves, on a tout fait ensemble. Et sinon c’est ma femme qui l’emmenait à l’école, ça fait quarante ans que je n’arrive pas à me lever. Je m’en occupais de 16 h 30 jusqu’au soir. Le dîner ? Ma femme a des tocs sérieux, je n’ai pas le droit de toucher à une assiette. Du coup, c’est elle qui cuisine et fait le ménage. Il faut être honnête : parfois ça m’arrange. Sinon je m’occupais des devoirs, j’adore ça. Les rendez-vous chez le médecin, c’est elle. J’ai peur des médecins. »

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