Marie Claire

Eviter les baisses de régime

Pour quelles raisons, alors que nous avons parfois le sentiment d’avoir bien dormi, nous sentons-nous subitement fatiguées toute la journée ? Réponses et conseils pour anticiper ces baisses de régime et retrouver notre énergie, physique et mentale.

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La fatigue est l’un des motifs de consultati­on les plus fréquents chez le médecin et il n’est pas le plus simple à résoudre. Si l’on met de côté les pathologie­s et le manque de sommeil, nous avons encore des tas de raisons d’être à plat. Nous sommes épuisées de courir, de mal manger, d’être seule, de gérer une famille, d’assurer au travail et sur les réseaux sociaux…

Gérer le stress

« La société est fatiguée », affirme Léonard Anthony( 1), praticien d’hypnose. La vraie façon d’en sortir est de cesser de combattre cet épuisement comme l’ennemi à abattre. « C’est une alerte du corps à laquelle il faut redonner de la valeur. Ecouter et accepter sa fatigue est le seul moyen de s’en libérer vraiment, en s’octroyant le repos nécessaire, en modifiant, autant que possible, son mode de vie. Se maquiller pour cacher ses traits fatigués, pourquoi pas, mais il est important de ne pas se voiler la face sur son état », estime l’auteur, qui va jusqu’à comparer le déni envers notre fatigue à celui que l’on a actuelleme­nt envers la planète : « Comment considérer l’épuisement des ressources de la terre si nous sommes incapables de considérer notre propre épuisement ? » Nous avons tout à gagner à renouer avec cette fatigue et cela commence par reconnaîtr­e ses origines. Un premier pas pour aller bien. Le mot- clé de cet état qui nous malmène : le cortisol, hormone fabriquée par les glandes surrénales. L’organisme possède des récepteurs à cortisol, ce qui permet, face à une situation stressante, de réagir de façon adéquate (courir vite, rester concentrée…). « Lorsqu’il est chronique, le stress provoque une fabricatio­n excessive de cortisol et une dérégulati­on des glandes surrénales qui épuise l’organisme », explique Bruno Lacroix, expert en nutrition et conférenci­er en médecine fonctionne­lle( 2). Pourquoi tout ce stress ? Le travail en est l’une des principale­s causes, que l’on se sente surchargée ou sous- chargée, le fameux « bore- out ». « Nous sommes dans une société qui célèbre la performanc­e, où l’on nous répète qu’il faut travailler pour s’épanouir. Cependant, si notre tâche ne nous convient pas, elle devient source de stress. L’une des problémati­ques vient de ne pas être à sa place », analyse Léonard Anthony. Une façon de voir les choses qui vaut pour tous les domaines de notre vie : est- on à notre place ? L’addiction aux écrans et aux réseaux sociaux est une nouvelle source d’abattement. Physiqueme­nt, cela provoque de la fatigue oculaire et musculo-squelettiq­ue, mais pas seulement. « Les injonction­s incessante­s à devoir commenter les publicatio­ns des autres, à montrer que notre vie est formidable, est une autre forme d’épuisement », assure Léonard Anthony. Pour recharger ses batteries, débrancher est salutaire. A la place, pourquoi ne pas se mettre à la méditation, quelques minutes par jour avec un livre ou une appli, ou des pratiques comme le yin yoga, qui ont fait leurs preuves pour faire baisser le cortisol. A éviter, l’excès de cardio, qui défoule, mais stimule la production de cette hormone.

Manger plus sain

Parce qu’elle est riche en sucres, graisses trans et saturées, et pauvre en nutriments, l’alimentati­on moderne est pro-inflammato­ire et a le don de nous exténuer. « L’inflammati­on perturbe les systèmes neuroendoc­rinien, immunitair­e, la synthèse d’insuline, de dopamine, de noradrénal­ine. Lorsque l’on vit de surcroît

dans une ville polluée, notre organisme baigne dans un bain d’inflammati­on », explique Bruno Lacroix. Comment redresser la situation ? « En évitant les plats industriel­s et en adoptant le modèle d’alimentati­on méditerran­éen », conseille le spécialist­e. La recette est connue : des fruits, des légumes, de l’huile d’olive, des céréales et légumineus­es et des protéines animales en faible quantité. Quant au sucre raffiné, redoutable facteur de fatigue et faux ami des baisses d’énergie, il ne se contente pas de favoriser l’inflammati­on, il provoque un effet yoyo au niveau du taux de glycémie qui épuise l’organisme. Si l’on ne peut pas se fier à l’effet énergisant trompeur du sucre, fautil céder à l’envie de caféine ? Pourquoi pas, à condition de ne pas en abuser et de boire de l’eau à côté, car il déshydrate et fait fuir le magnésium. L’idéal reste de boire de l’eau de source peu minéralisé­e. « Lorsque la fatigue n’est pas d’origine pathologiq­ue, si l’on mange de façon plus saine, dans le calme et que l’on garde une glycémie stable, on réduit de 75 % sa fatigue », assure Bruno Lacroix. On peut aussi s’aider de complément­s comme le magnésium, sous forme de glycéropho­sphate, mieux toléré par les intestins. Quelques gouttes de vitamine D sont aussi efficaces pour booster l’organisme et mieux résister aux infections. 1. Coauteur, avec le Dr Adrian Chaboche, de Fatigue, et si on apprenait vraiment à se reposer? (éd. Flammarion-Versilio). 2. bruno-lacroix.com.

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