Marie Claire

Lady Dior, la radicalité organique de Lee Bul

Pour une série limitée, la maison Dior a invité onze artistes femmes à réinventer son sac iconique. Dont la Coréenne Lee Bul qui en livre une interpréta­tion saisissant­e inspirée par la nature brute.

- Par Louise des Ligneris

25 septembre 1995. Bernadette Chirac offre un sac Dior à Lady Diana, à l’occasion de sa visite de l’exposition Cézanne, au Grand Palais, à Paris. Lignes architectu­rales, « esprit couture » et cannage évoquant les chaises Napoléon III des défilés séduisent la princesse qui commandera l’accessoire dans toutes les déclinaiso­ns de formes et couleurs. Un an plus tard, l’année de son divorce avec le Prince Charles, son sac fétiche est officielle­ment renommé Lady Dior en son honneur. Depuis trois ans, ce modèle chargé d’histoire est revisité par des artistes contempora­ins venus du monde entier dans le cadre du projet Lady Dior Art. Pour sa nouvelle édition, un changement de taille : selon la volonté de la directrice artistique de la maison Dior, Maria Grazia Chiuri, ce sont uniquement des artistes femmes qui ont eu carte blanche pour redessiner le Lady Dior. Parmi les onze invitées à participer cette année, Lee Bul, née en 1964 en Corée du Sud, figure majeure de la scène contempora­ine asiatique.

Incrusté de roche véritable

Pour la maison française, l’artiste a opéré un retour aux sources de la matière en imaginant trois pièces brutes s’inspirant de la mousse végétale et de la roche, et en associant des éléments inattendus : perles en relief, soies brodées, bijouterie­s en métal et même roche véritable ornée de charms en pierre et or vieillis… Tous sont au service d’une inspiratio­n organique. Mais celle qui a grandi au sein d’une famille d’activistes, quand son pays était gouverné par un régime militaire, fait aussi entendre dans son art les échos de ce berceau familial engagé. Et dénonce les atavismes culturels tout en interrogea­nt la sexualité, la morale, la féminité ou encore l’autorité patriarcal­e. Au travers de ses oeuvres – sculptures, peintures, performanc­es… –, elle explore tous les médiums avec la même radicalité. Pour exemple, en 1997, elle avait présenté au MoMA de New York l’oeuvre Majestic splendor, une installati­on composée de poissons en décomposit­ion ornés de fastueux bijoux, qui avait rapidement dû être désinstall­ée en raison de ses effluves. Avec son interpréta­tion du Lady Dior et sa fusion de haute couture et de nature presque primaire, l’artiste ne livrerait- elle pas une déclinaiso­n couture de l’art brut ?

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4 Le Lady Dior vu par Lee Bul (1) : en coton et soie brodés en relief effet mousse (2), son format Mini, en satin et perles naturelles (4), en tissu recouvert de pierre naturelle (3).
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