Marie Claire

Mère et mannequin Arizona Muse

A quelques jours de la naissance de son deuxième enfant, elle nous confie comment elle a élevé son fils seule, et sa vie de mère, souvent en partance, à l’écoute et encouragea­nte.

- Par Sonia Desprez Photos Sam Wilson Réalisatio­n Anne-Sophie Thomas

—Marie Claire : Si vous deviez vous décrire en tant que mère, que diriez-vous ?

Arizona Muse : Dévouée, affectueus­e, détendue, stricte sur les manières.

—Comment êtes-vous devenue mère ?

J’ai été mère célibatair­e à 20 ans, je n’ai pas eu le temps de devenir adulte. L’université, les sorties, les fêtes, je n’ai pas connu. J’avais imaginé que ce serait facile et angélique, et à 21 ans je me sentais capable de tout. Mais c’est très difficile de ne partager ni les difficulté­s, ni les joies. Pendant six ans, ma capacité mentale a été accaparée par mon enfant et ma carrière, j’étais débordée. Je pense que j’étais dépressive. Depuis trois ans, je suis en couple, mon mari est un très bon père pour mon fils, et je reçois beaucoup d’attention. Ça change tout, j’ai pu m’éveiller à moi-même, à mes autres intérêts.

—A quoi tendez-vous en tant que mère ?

Je voudrais que mes enfants, quand ils seront adultes, aient encore envie de passer du temps avec moi. Je pense que si je n’ai pas de temps pour lui maintenant, il n’en aura plus pour moi une fois adulte.

—Quelles sont vos relations avec votre mère ?

Très bonnes, j’ai beaucoup appris d’elle. Elle et mon père m’ont beaucoup aidée. Mais quand nous étions enfants, elle ne disait jamais non. Je n’étais pas très respectueu­se. Elle a pris le contrepied de son éducation anglaise très stricte. Moi je cherche le juste milieu.

—Qu’est-ce qui, selon vous, relève exclusivem­ent du rôle de la mère ?

Rien, à part le lait maternel. Je veux que mes enfants soient confrontés à d’autres opinions que la mienne. Et je crois qu’un enfant a besoin de câlins et d’attention physique de la part de ses deux parents, et de voir qu’ils s’aiment et se le montrent. —Qu’est-ce qui vous donne le plus de joie ?

Les moments en famille. Depuis trois ans, mon fils et moi-même vivons la meilleure partie de notre vie. Avant, il y avait sa marraine, une amie, qui a vécu avec nous et sans laquelle je n’aurais pas réussi à tenir.

—Qu’est-ce qui est le plus difficile ?

Les séparation­s. J’ai beaucoup voyagé quand mon fils était petit, donc il est devenu allergique à mes départs.

—Est-ce qu’être enceinte a un impact sur votre métier ?

Oui, j’ai mangé beaucoup plus et j’ai arrêté le sport, mais je vais devoir retrouver mon corps d’avant car c’est vital pour moi de travailler et gagner ma vie.

—Ressentez-vous la charge mentale ?

Mon mari prend beaucoup d’initiative­s. C’est capital, je ne peux pas avoir de désir pour quelqu’un à qui je passe mon temps à dire ce qu’il faut faire dans la maison.

—Des valeurs à transmettr­e à vos enfants ?

La gentilless­e, le soutien aux autres et verbaliser quand ça ne va pas. J’encourage beaucoup mon fils à le faire.

—Les pires défauts pour une mère ?

Etre fatiguée. Je ne dis pas qu’il ne faut pas sortir, quand je passe une soirée avec des amis, ça me donne même de l’énergie. Et passer trop de temps sur les écrans. Pour l’enfant, ça veut dire que ce petit rectangle noir est plus important que lui, je pense que ça abîme son estime de lui et les relations avec sa mère.

—Qu’est ce qu’on ne dit pas assez sur la maternité ?

On ne parle pas assez des trois premiers mois du bébé, quand il se détache et que le corps de la mère subit des changement­s physiques. Il faut que son ou sa partenaire soit prêt à tout donner pour qu’aucun des deux ne craque. Certains l’appellent le quatrième trimestre.

“Pendant six ans, ma capacité mentale a été accaparée par mon enfant et ma carrière, j’étais débordée.”

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Robe Cos, bottines Guibert Paris. Pour Nikko, T-shirt Bonton, Jean Levi’s, bottines Young Soles.

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